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Le Luxembourg double son effectif au Mali. Que les moqueurs rongent leur frein…

A la Finul au Liban, octobre 2014 (crédit : MOD Luxembourgeois / Archives B2)
A la Finul au Liban, octobre 2014 (Archives B2 / crédit : MOD Luxembourgeois)

(B2) Le Luxembourg a annoncé le doublement de son effectif au Mali, en soutien aux Français, soit 1 militaire. C'est peu. Et cela peut susciter des moqueries en tout sens (1). Ce n'est pas avec un militaire de plus qu'on va régler la question du Mali. C'est sûr. Et même si l'expertise de l'officier en question est sérieuse, elle reste symbolique et illustre plutôt la volonté politique luxembourgeoise de venir assurer la solidarité avec la France.

Un avion de surveillance en permanence dans les opérations maritimes

B2 pourrait se joindre à ce coeur de corbeaux. Mais quand on est un peu sérieux et qu'on regarde, force est de regarder l'ensemble du panel. D'abord le Luxembourg ne fait pas que çà, pour le Mali, il va assurer aussi un soutien financier pour l'armée malienne (2 millions d'euros). Et, surtout, le Grand Duché, à la mesure de ses moyens, « colmate » souvent quelques brèches particulières qui subsistent dans les opérations ou moyens communs de défense. Il a ainsi assuré l'envoi d'un avion de surveillance privé (2), quasiment de façon permanente dans l'opération anti-piraterie dans l'Océan indien (EUNAVFOR Atalanta). Une opération réitérée pour l'opération de lutte contre les trafiquants en Méditerranée EUNAVFOR Med.

Débloquer des capacités

Le Luxembourg s'est fait la spécialité de 'déminer' des points de blocage en apportant la contribution qu'il faut au bon moment. Pour la mission de conseil de l'Union européenne auprès de l'armée centrafricaine (EUMAM RCA), alors que le chef de mission s'arrachait un peu les cheveux devant les difficultés juridico-administratives posées sur son chemin pour équiper en matériel de formation le camp des FACA, là encore le Grand Duché a mis la main à la poche (fournissant 90% de la somme demandée, la France fournissant le reste). Sans se poser trop d'état d'âme comme certains pays ou la Commission européenne qui a joué aux vierges effarouchées.

Idem pour l'agence européenne de Défense. Londres met son veto, chaque année, à toute augmentation du budget, même simplement équivalente à l'inflation. Le Luxembourg a ouvert la voie en novembre dernier en versant 300.000 euros (soit 1% du budget de l'agence).

Rappelons enfin qu'en matière de capacités, le Luxembourg a décidé d'acheter un A400M qui sera cocalisé avec les 7 autres A400M belge dans le futur. Ce n'est pas vraiment pour servir à ses opérations nationales ou extérieures. Les capacités de transport de cet avion, les Luxembourgeois comptent bien le mettre à disposition des différentes opérations de l'OTAN ou de l'Union européenne et des autres Etats membres.

Un bémol : le budget de défense

Si tous les Etats faisaient pareil et avec le même engagement volontaire, il n'y aurait plus vraiment de problème de solidarité au niveau européen. Le reproche véritable qui pourrait être fait au pays est la faiblesse de son budget militaire (0,5% du PiB pour une armée d'un peu moins de 1000 hommes et femmes), le plus bas taux de l'OTAN. Le pays a largement les moyens de faire plus (car il est un des plus riches par tête d'habitant en Europe). Mais cela va s'améliorer, m'a indiqué un responsable luxembourgeois. Cela fait d'ailleurs partie du programme de coalition de redonner un peu du souffle au budget de défense.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Tremblez écrit l'Obs,et la twittosphère s'en donnée à coeur joie (lire sur les frontaliers quelques exemples). Il est vrai que c'était trop beau...

(2) Deux avions en fait, l'un servant de relais ; sous forme d'un contrat public-privé contracté par le ministère de la Défense avec la société CAE Aviation.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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