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Quatre suspects arrêtés en Méditerranée par le Leopold Ier (maj)

(crédit : Marine belge)
(crédit : Marine belge)

(B2) 258 migrants d'un bateau de trafiquants en détresse à mi chemin entre l'est de la Mer Méditerranée et l'Italie ont été récupérés jeudi (5 novembre) par la frégate belge Leopold Ier (F-930) qui participe à la mission européenne en Méditerranée (EUNAVFOR MED / Sophia).

Un navire venu d'Egypte...

Un sauvetage qui ne tient pas seulement de l'impromptu ou du hasard de la mer. Selon nos informations, le navire avait été, en fait, repéré par un des avions de patrouille de l'opération (un P3 Orion espagnol ou un Merlin III Luxembourgeois). Il venait d'Egypte tout comme ses occupants. C'est sa « trajectoire suspecte » qui a attiré l'oeil des analystes. « Un bateau qui oblique et se dirige sur Lampedusa en suivant un itinéraire peu habituel, c'est ce qu'on peut appeler suspect » raconte à B2 un officier. De la même façon son poids important au départ - bizarre pour un navire de pêche -, l'absence de filets, et la présence en nombre de personnes à bord confortaient le caractère suspect du navire. Un navire de la flotte européenne a ensuite été dépêché à proximité, avec une consigne : rester discret.

... suivi à à la trace, discrètement

« Depuis deux jours, le F930 Leopold I suivait à distance un bateau soupçonné d'être utilisé par des trafiquants d'êtres humains, faisant route vers l'Italie depuis l'est de la Mer Méditerranée » confirme l'état-major de la marine belge. La frégate a utilisé tous ses moyens — radars, caméras infra-rouges, et autres senseurs à longue portée... — « pour maintenir son invisibilité afin d'éviter une fuite possible des passeurs et récolter un maximum d'information avant d'intervenir ».

.... jusqu'à l'intervention

Aux premières lueurs du jour, « alors que ce bateau paraissait s'être immobilisé, l'hélicoptère de bord envoyé en reconnaissance confirma un grand nombre de personnes à son bord, une panne et des signes de détresse. Le bateau de pêche n'était en effet plus manœuvrable. » C'est alors que l'opération de sauvetage a commencé et les 258 personnes  — dont 4 femmes et 196 mineurs ! (2) — transbordées sur le navire. Les migrants ont été « fouillés, recensés, nourris et installés » sur le pont du navire, puis débarqués, vendredi (6 novembre), dans le port italien d'Augusta, qui est un des ports d'attache des navires de l'opération EUNAVFOR MED / Sophia.

Un entretien avec les passagers

De façon informelle, des entretiens ont été aussi menés avec d'autres passagers, afin de se renseigner sur leur trajet, le prix et l'organisation du passage, la présence possible de trafiquants ou complices à bord... C'est sur la base « du volontariat » explique à B2 un officier. Car « nous n'avons pas comme militaires de pouvoirs d'investigation ou judiciaires » (1). Des entretiens menés par des spécialistes du renseignement, présents à bord de la frégate, rompus à ce genre d'exercice. Les informations recueillies sont, en effet, ensuite centralisées au QG de l'opération, afin de parfaire la connaissance des différents modus operandi des trafiquants.

... et 4 suspects arrêtés

La surveillance à distance, les questionnaires des autres passagers, comme l'inspection de l'embarcation ont permis d'identifier 4 suspects. Trois d'entre eux ont été remis aux autorités italiennes et arrêtés à leur arrivée au port d'Augusta. La quatrième personne suspecte,  probablement mineure, a été libérée mais « reste sous surveillance ». Elle a été placée dans un centre de rétention pour mineurs. Quant à l'embarcation inoccupée, elle a été détruite car elle « présentait un danger pour la navigation ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Une différence très nette par rapport aux navires militaires français par exemple.
  2. L'âge de ces personnes était incertain, il se peut - selon quelques témoignages - que nombre d'entre eux soient, de fait, des jeunes adultes. Le nombre déclarés de mineurs est en tout cas relativement à remarquer par rapport aux autres sauvetages effectués.

(maj) jeu 12 avec des précisions sur la nature suspecte du navire.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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