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Coup de filet au large de la Libye. 14 contrebandiers inculpés

Arrestation de trafiquants par la guarde côtière (archives WebMarte)
Débarquement de suspects à Augusta par la garde côtière italienne (archives WebMarte)

(B2) 17 personnes ont été arrêtées, dans la nuit du 22 octobre, lors d'une opération menée par la marine italienne dans les eaux internationales au nord de la Libye. Ils venaient d'Egypte. Une arrestation saluée par le pouvoir politique. La ministre de la défense, Roberta Pinotti, s'est déplacée pour féliciter les militaires italiens pour cette prise menée dans le cadre de l'opération nationale Mare Sicuro et coordonnée avec la justice italienne.

Un navire suspect sans pavillon repéré

L'opération coordonnée par le procureur à Syracuse, avait commencé durant la nuit. Le navire suspect, qui n'arborait pas de pavillon, a été identifié par le navire Durand De La Penne (D-560), à environ 90 miles nautiques au nord-ouest de la ville libyenne de Derna. Des équipes de fusiliers marins de la Brigade San Marco et un commando d'arraisonnement des navires De La Penne et Virginio Fasan, sont alors montés à bord du bateau suspect. Celui-ci, un « bateau de pêche, remorquait un deuxième bateau qui avait été utilisé dans les affaires de traite des êtres humains » signale l'état-major de la marine italienne.

17 arrestations

Après inspection, dix-sept personnes ont été arrêtées et conduites sur le Virginio Fasan (F-591), une des frégates FREMM de la marine italienne, puis débarquées dans le port de Augusta et mises à la disposition des autorités judiciaires. Là ils ont été "débriefiés" par les enquêteurs du GICIC (Gruppo interforze di contrasto all'immigrazione clandestina), coordonné par le procureur Antonio Nicastro.

14 inculpés

Parmi les 17 suspects arrêtés, 3 ont été relâchés. Ils étaient mineurs. Et ils ont été considérés comme au service du personnel sans être impliqués dans l'organisation criminelle. Les 14 autres ont été inculpées d'aide à l'immigration illégale voire d'association de malfaiteurs, a annoncé lors d'une conférence de presse, le procureur en chef anti-mafia de Catane, Francesco Paolo Giordano.

Des récidivistes

Parmi eux, 4 sont des récidivistes. Certains des contrebandiers ont été « arrêtés antérieurement en Italie pour la même infraction », précise le procureur selon Il Fatto Quotidiano qui donne quelques détails supplémentaires. « L'un d'entre eux, en particulier, avait été impliqué en 2011, dans une opération qui avait conduit à la libération d'un groupe de 22 jeunes Égyptiens retenus captif par les trafiquants dans un thonier abandonné sur la côte de Santa Panagia, près de Syracuse ». Leurs peines avaient été réduites dans le passé pour la même infraction. Et ils avaient été libérés. Certains ont même salué les hommes du GICIC qui les ont interrogés sur le Fasan, raconte notre confrère italien.

Sous surveillance

Cette arrestation ne doit rien au hasard. Les trafiquants étaient, en fait, sous surveillance (2). Partis de la côte égyptienne d'Alexandrie, ils ont d'abord transféré leur "cargaison" — 478 migrants Irakiens, Syriens et Africains de diverses nationalités — à partir d'un bateau de plus petit tonnage, à environ 200 milles nautiques de la côte sud de Sicile. Lorsqu'ils ont regagné le bateau-mère, un navire de pêche, plus important, les commandos marine ont décidé d'intervenir. Les 478 migrants ont été secourus et débarqués dans le port d'Augusta entre le 19 et 20 octobre.

Un manque de navires

Selon les enquêteurs du Gicic, coordonnés par le commissaire adjoint Carlo Parini. Chacun des passagers aurait payé 2000 $ chacun pour le passage. Mais l'essentiel est ailleurs. La tentative des trafiquants de récupérer le navire ayant servi à transporter les migrants « est un signe que, après une saison estivale qui a enregistré des débarquements records principalement en raison de la crise moyen-orient, il est de plus en plus difficile pour les organisations criminelles de trouver en Egypte des barges destinées à perdre, coulées ou laissées dans les mains des autorités une fois le voyage terminé » indique le vice-procureur Nicastro, coordinateur du GICIC.

(NGV)

(1) L'opération Mare Securo a pour objectif d'assurer la présence, la surveillance et la sécurité maritime dans la Méditerranée centrale. Lancée le 12 mars, elle a ainsi précédé le lancement de l'opération européenne EUNAVFOR Med (alias Sophia)  Le dispositif déployé en Méditerranée centrale, « sur une zone d'environ 160.000 kilomètres carrés, se compose de 5 navires et environ 1.000 soldats en permanence », selon la marine italienne.

(2) D'où l'importance des croisements d'information entre les différentes forces en présence, des recueils de preuves et entretiens débriefings avec les migrants. Lire aussi : Recueil de preuves en Méditerranée

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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