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La Grèce, c’est (bien) compliqué (Dombrovskis)

Valdis Dombrovskis aujourd'hui face à la presse (crédit : EBS / B2)

(BRUXELLES2) Pour les institutions européennes, le sort de la Grèce après le référendum "c'est compliqué"... Valdis Dombrovskis, le vice-président chargé de l'Euro et du Dialogue social, l'a répété sur tous les tons, à chacune des questions, que les journalistes lui ont posé lors de la conférence de presse quotidienne qui se tient au Berlaymont. Maintenant c'est place à la négociation en quelque sorte. « Tout le monde doit se retrouver autour d’une table. (...) Si tout le monde travaille bien, il est possible de trouver une solution même dans ce contexte... complexe ! »

C'est compliqué !

L'ancien Premier ministre letton — qui avait démissionné au lendemain de la catastrophe du supermarché de Riga (54 morts) (lire : La catastrophe de Riga. Inaperçue) —, avait été envoyé au charbon par Jean-Claude Juncker pour déminer le terrain face à la presse. Son discours froid, méthodique, sans aucune chaleur humaine pour le sort des citoyens grecs, ne pouvait en aucune manière faire de l'ombre au plan politique à celui qu'aurait pu faire le président de la Commission. Il s'en est tiré très bien ne lâchant rien d'autre que "c'est compliqué". Un peu comme ces profils 'facebook' où les intervenants pour marquer qu'ils ne sont plus tout à fait mariés, mais ne veulent pas s'afficher encore célibataires, voir pluricélibataires affichent que, bon, c'est compliqué. En fait, Valdis sous des dehors très froids, doit avoir beaucoup d'humour et a voulu envoyé un message subliminal aux journalistes. On est au bord de la séparation...

Le Non complique tout

« La Commission européenne prend note du résultat du référendum d'hier en Grèce. Nous respectons le choix démocratique du peuple grec » a-t-il précisé. Cela a été la seule concession au vote démocratique. Car V. Dombrovskis a immédiatement essayé de contester la validité du référendum « La question posée au référendum n'était pas correcte. Car elle reposait sur un projet qui n'était pas approuvé par l'Eurogroupe. Et ce n'était pas la dernière mouture. Le seul fondement du référendum était politique. » Et d'ajouter que le vote 'Non' ne faisait « qu’affaiblir la position gouvernement hellénique ». Car « le «non»  élargit malheureusement l'écart entre la Grèce et d'autres pays de la zone euro.

Beaucoup de temps perdu, la faute à Tsipras...

« Beaucoup trop de temps et trop d'occasions ont été perdues » a précisé ensuite Valdis Dombrovskis, un peu amer. « L'Europe a toujours été au côté du peuple grec pendant la crise. Les contribuables européens ont offert une aide financière sans précédent. Depuis 2010, 184 millions d'euros ont été décaissés de la facilité de prêt à la Grèce et du Fonds européen de stabilité financière » a-t-il précisé.

Mais « Les réformes ont souvent été retardées ou mis en œuvre que partiellement, amenant une récession prolongée et des réformes plus difficiles à mettre en œuvre plus tard. Il y a seulement huit mois, la Grèce avait finalement tourné la page, l'économie était en pleine croissance, l'investissement commençait à reprendre, et des emplois étaient de nouveau en création. Le pays était proche d'un retour sur les marchés et de mettre fin à son programme de sauvetage à la fin de l'année dernière. Malheureusement, le gouvernement grec actuel n'a pas été en mesure d'utiliser l'extension (de programme) pour produire une stratégie crédible, pour sortir de cette crise, retrouver la stabilité financière et le retour à la croissance économique. »

La place de la Grèce dans l'Europe... mais dans la Zone d'euro

La Commission est prêt à utiliser tous les moyens dans le cadre de notre mandat » a-t-il ajouté. « Une chose est claire. La place de la Grèce est dans l’Europe. » En revanche, il a refusé de répondre de façon précise si la Grèce avait toujours un avenir dans la Zone Euro. « Le résultat du référendum a évidemment compliqué les choses » a-t-il affirmé B2 lui a posé la question. « Il faut à partir de là choisir la voie à suivre, pour développer un plan clair, retrouver la stabilité financière, revenir à la croissance économique, et aussi répondre à la préoccupation sociale. »

Pas de nouveau programme sans mandat de l'Eurogroupe

C'est l'autre leitmotiv de l'exécutif européen. « La Commission est prête à continuer à travailler avec la Grèce. Mais pour être clair, la Commission ne peut pas négocier un nouveau programme sans mandat de l'Eurogroupe. » etc. Et « le résultat d'hier marque un rejet de réformes proposé, dans une large mesure, par les autorités grecques elles-mêmes, et liés à un programme de soutien maintenant expiré pour la Grèce. »

La restructuration de la dette : c'est compliqué !

Quant à la restructuration de la dette... « c'est compliqué. l’Eurogroupe a annoncé en 2012 un débat sur ce sujet une fois le programme FSEF parachevé. Malheureusement, le programme du FSEF n’a pas été parachevé, il reste en suspens, pas terminé. Dès lors cette offre n’est plus d’actualité, comme la totalité du programme. Il faut reprendre les discussions. ». Lors des discussions récentes, « on avait vu que les pays de la Zone Euro étaient prêts à se pencher sur l’endettement de la Grèce, et le coût du service de la dette. (Mais) c’est à l’Eurogroupe de décider du mandat de la Commission européenne et de décider si la question oui ou non de la dette doit être traitée. »

(Nicolas Gros-Verheyde)


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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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