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En Méditerranée, on détruit déjà les navires utilisés par les trafiquants

Réfugiés sur un bateau de bois en Méditerranée (crédit : gardes cotes islandais)
Réfugiés sur un bateau de bois en Méditerranée (crédit : gardes cotes islandais)

(BRUXELLES2) Depuis que Matteo Renzi a dit vouloir détruire les navires encore à quai en Libye, c'est un grand phantasme, avec les "boots on the ground" : la destruction des navires de migrants. Or, la destruction des navires utilisés par les migrants a déjà lieu en mer, de façon habituelle et pour des raisons très concrètes.

6 navires coulés par la marine allemande

La chancelière allemande Angela Merkel l'a confirmé officiellement mardi (19 mai), lors d'une conférence de presse commune avec François Hollande. Depuis le début des opérations de sauvetage en mer, où la marine allemande est impliquée, « cinq bateaux gonflables et un bateau en bois ont été coulés ». NB : on peut, sans trop de difficulté, indiquer que cette pratique n'est pas particulière à Berlin. Les marines italiennes, françaises ou britanniques ont adopté les mêmes pratiques.

Eviter des accidents

La raison est simple et, avant tout, c'est une raison de sécurité maritime. « Les bateaux abandonnés poserait un danger pour la navigation. En raison de leur taille et leur manque d'éclairage, ils ne peuvent pas être vus la nuit, même par beau temps. Heurter un bateau abandonné pourrait entraîner des dommages au système de gouvernail ou de propulsion. »

Eviter des fausses alertes aux secours

Cela répond aussi à une motivation de préserver la bonne qualité des secours en mer. Un navire perdu en mer « vu d'un avion, ou à grande distance, ce n'est pas toujours clair s'il y a des gens à bord d'un bateau ». Pour en être sûr, il faudra envoyer des moyens sur place. « Jusqu'à ce que cela soit clair, que le bateau est abandonné, s'écoule de précieuses heures qui peuvent être mieux utilisées pour sauver d'autres personnes qui en auraient besoin ».

NB : Cela évite, enfin, que ces navires puissent être réutilisés le cas échéant par les passeurs qui viendraient les récupérer. Ces bateaux, faut-il le préciser n'ont généralement pas de pavillon, ni de capitaine en soi. Ce qui ne pose donc pas trop de problème juridique. Bien entendu, la destruction de ces navires se fait une fois toutes les personnes évacuées. Une vérification visuelle se fait au dernier moment afin de vérifier qu'il n'y a plus personne, réalisée par les militaires de l'équipe de visite ou d'abordage.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Des « Boots on the ground » en Libye, le grand phantasme ?

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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