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Armée déployée en France. Une “opération intérieure” de protection

(crédit : Ministère de l'Intérieur / EMA / DICOD)
(crédit : Ministère de l'Intérieur / EMA / DICOD)

(B2) L'armée française a été déployée sur différents points du territoire a annoncé lundi (12 janvier) le ministre français de la Défense après une réunion du conseil restreint à l'Elysée. « Nous avons décidé de mobiliser 10.000 hommes en protection des points sensibles d'ici demain soir. La mobilisation a commencé. Elle permettra de commencer la protection des points sensibles rapidement ».

Une OpIn en référence des Opex

Dans la soirée de lundi, plus de 7 000 militaires seront déjà déployés, dont environ 5 500 dans le cadre de la mission Vigipirate (plus de 3000 en Ile-de-France et de 2300 dans le reste de la France), annonce-t-on au ministère de la Défense. Le ministre s'est refusé à indiquer publiquement quels sites seraient protégés pour des « raisons évidentes de sécurité ».

Mais il n'a pas dénié le côté exceptionnel de la mesure. « C'est la première fois qu'un tel déploiement a lieu. C'est une véritable opération intérieure » a indiqué Le Drian faisant référence ainsi aux modèles des opérations de déploiement extérieure (OPEX). D'ailleurs « cela mobilisera a peu près autant de personnel que ce que mobilise les opérations extérieures ».

De fait, c'est la totalité du contrat opérationnel prévu dans le Livre blanc 2013 qui est ainsi mobilisée.

« En cas de crise majeure, les armées apportent en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile un concours qui pourra impliquer jusqu’à 10 000 hommes des forces terrestres, ainsi que les moyens adaptés des forces navales et aériennes. (...) Pour remplir ces différentes missions de protection, il sera fait appel, lorsque c’est nécessaire, à des moyens prélevés ponctuellement sur nos forces d’intervention. » (Livre Blanc 2013)

D'où viennent les militaires ?

Dès lundi (7 janvier), jour du premier attentat (à Charlie Hebdo), en fait, le dispositif permanent "vigipirate" qui avait 450 militaires environ en île de France, principalement dans les gares et principaux lieux touristiques est renforcé. Le niveau de la menace passe en "Vigipirate Attentat", le niveau maximal.

La montée en puissance est assez rapide. Dans la soirée même du lundi, arrivent 150 militaires en provenance du 21e Régiment d'infanterie de marine (RIMa) de Fréjus, plus habitués aux missions extérieures), du 41e Régiment de transmissions de Douai et du 48e Régiment de transmissions de Agen.

Jeudi (8 janvier), 250 militaires viennent renforcer les premiers arrivants, en provenance du 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers et du 8e Régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) de Castres. Samedi (9 janvier),  250 autres militaires viennent du 68e régiment d'artillerie d'Afrique (RAA) de La Valbonne, du 1er Régiment d'infanterie de marine (RIMa) d'Angoulême, du 126e Régime d'infanterie (RI) de Brive la Gaillarde et du 132e bataillon cynophile de l'armée de terre (BCAT) de Suippes. Et, dimanche (10 janvier), jour de la grande manifestation "républicaine", les ont rejoints 250 militaires du 40e Régiment d'artillerie (RA) de Suippes, du 16bataillon de chasseurs (BC) de Bitche, du Régiment de marche du Tchad (RMT) de Meyenheim et du 13e RG (Valdahon). L'effectif déployé ce lundi (matin) était ainsi 1350 militaires.

Combien d'hommes (et de femmes) en OPEX ou hors métropole ?

Les opérations extérieures (OPEX) de l'armée française mobilisent actuellement environ 13.000 militaires (et civils) : 6000 environ dans des opérations "nationales", essentiellement en Centrafrique (Sangaris) et au Sahel (Barkhane) ; un peu plus de 2000 dans des opérations "multinationales" (EUFOR RCA, Irak, FINUL Liban...), et 5000 dans les bases extérieures — Sénégal, Gabon, Djibouti, Emirats arabes unis (= "forces de présence"). A cela, il faut ajouter environ 6500 hommes placés en outre-mer — Réunion, Guyane, Guadeloupe et Martinique (= "forces de souveraineté) (chiffres datant d'octobre 2014).

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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