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Des Kurdes font irruption au Parlement. Un problème ?

(BRUXELLES2) Une petite centaine de Kurdes a fait irruption dans les couloirs du Parlement européen, mardi (7 octobre), le jour même de la dernière audition des commissaires européens.

Débordant les quelques gardes de sécurité qui étaient à l'entrée, ils sont montés dans les étages. Une joyeuse mêlée les a emmené jusqu'à la Voxbox, au 3e étage, le noeud gordien de tous les couloirs du Parlement européen, là où tout le monde passe pour aller d'une salle à l'autre... ou sortir. Résultat, une belle panique pour les services de sécurité qui ont bloqué toutes les entrées, fermé toutes les portes internes mais semblaient un peu désemparés, face à cette irruption. Des eurodéputés - de gauche - surtout ont été appelées à la rescousse pour venir parlementer. Très vite, un émissaire du président Schulz est venu dire aux manifestants qu'une délégation pouvait être reçue. Ce qui a permis de désarmorcer l'occupation.

On pourra bien sûr s'interroger sur la sécurité du Parlement européen. Les dizaines de gardiens de sécurité (privée) déployés, n'ont rien pu faire, ni pour prévenir l'irruption de ces manifestants, ni pour l'empêcher. A vrai dire, ils semblaient assez peu préparés à cet évènement (*). Heureusement que les intentions des manifestants étaient pacifiques. On n'ose imaginer ce qui aurait pu se passer s'ils avaient été armés.

D'un autre coté, il ne faut pas tomber dans la paranoîa totale. Et il faut d'une certaine façon, saluer que le Parlement ne soit justement pas un bunker mais reste une maison de la démocratie où chacun peut exprimer. Au final, les Kurdes qui campaient depuis plusieurs jours dans une indifférence quasi-générale ont pu marqué ainsi leur existence et leur combat. Ils ont réussi, là, un beau coup médiatique. Ironie de l'histoire. La plupart d'entre eux se réclament de Abdullah Ocalan, chef du PKK, un parti inscrit sur la liste des organisations anti-terroristes de l'Union européenne ! Assurément un joli coup de propagande pour le PKK.

(*) Sans épiloguer sur la sécurité, on peut faire quelques remarques sur la sécurité du Parlement, qui se fait "à l'ancienne" : contrôle des badges (scrupuleux), des sacs (un peu moins), sas électronique (quand ca bipe, une fois sur deux, vous passez quand même), etc. Peu de prévention. Personne ou quasiment devant le bâtiment, à 2 mètres ou 10 mètres, pour agir en guise de senseur, ou en poste de guetteur ou d'observation. A cela, ajouter une rotation des personnels importante (ce qui fait qu'ils sont incapables de reconnaitre les habitués des autres) et une ambiance de gardes chiourmes, sur le mode "l'efficacité se mesure à l'arrogance du gardien" (plus il grogne, plus on doit avoir peur). En gros... un contrôle de myopes...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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