Le risque d’un nouvel attentat en Europe est réel
(B2) Le phénomène des combattants européens de retour de Syrie suscite des inquiétudes au plus haut niveau. Devant les ministres de l'Intérieur des 28, jeudi à Luxembourg, le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, a averti. L'exécution de sang froid de plusieurs personnes au Musée juif de Bruxelles, la veille des élections européennes, montre un phénomène « sans précédent ». Elle « est similaire à celle qui s’est déroulée il y a deux ans à Toulouse avec l’attaque terroriste de Merah. Elle cible des personnes juives. » Le risque que ce type d'attaques se renouvelle existe et doit être pris au sérieux, souligne le coordinateur européen. « Plus de 2000 Européens » sont partis combattre en Syrie. « Tous ceux qui reviennent ne feront pas des attaques. Mais le pourcentage de personnes concernées est plus important que lors des djihads (NDLR : guerres saintes) précédentes au Pakistan, au Kenya, en Somalie, au Sahel… ». Certes ces « individus ne sont pas capables d’organiser des attaques à grande échelle à l’image du 11 septembre, (mais) ils savent utiliser des Kalachnikov ». Et cela suffit pour semer la terreur. Il y a un autre phénomène, à ne pas négliger, pour Gilles de Kerchove : le pouvoir d’attraction des anciens combattants. Il reste « majeur » envers ceux qui ne sont pas partis. « Ces individus qui reviennent de Syrie avec le statut de vétérans, ont une certaine aura. Ils peuvent être obéis. » Les Etats européens sont donc avertis. Les « 28 » doivent « renforcer » leur coopération en matière de lutte anti-terrorisme.
Nicolas Gros-Verheyde
Article paru dans Ouest-France