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Face à l’Ukraine, Barroso joue le nul

(BRUXELLES2) Le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, s'est contenté aujourd'hui d'un communiqué de presse face à la situation en Ukraine. Un communiqué où il se déclare "affligé" par la situation, demande la "fin immédiate des violences" et appelle à la "responsabilité spécifique qui revient au gouvernement ukrainien d'éviter la violence et d'assurer le respect des droits de l'Homme et des libertés fondamentales". Sur le fond c'est bien. Sur la forme, cela laisse à désirer.

Face aux bouleversements qui se trament en Ukraine, c'est même un peu faible. Le président de la Commission européenne aurait pu prendre la peine de venir, en personne, devant la presse pour exprimer de façon forte ce qu'il pensait. Ce qui aurait donné assurément à sa déclaration, un peu plus de poids et de solennité. « C'est un choix de communication », a rétorqué son porte-parole quand je lui ai posé la question. « Le président suit la situation de façon attentive. Il va communiquer de la façon la plus opportune dans le futur. » C'est un peu court comme réponse...

Une erreur politique

Désolé, pour nous, il ne s'agit pas de "communication" mais de "politique" et même de "valeurs". Être incapable d'être présent en chair et en os, face à un évènement important qui se déroule aux frontières européennes, n'est pas un "choix", c'est une "faute" politique (*). On aurait pu attendre un peu plus de prestance de la part de la Commission européenne qui, durant plusieurs mois, a défendu la nécessité d'un accord d'association avec l'Ukraine. Dans le même temps, la Haute représentante, Catherine Ashton a plutôt eu les bons réflexes en convoquant d'urgence un conseil des ministres des Affaires étrangères. Il est vrai qu'elle n'a pas eu beaucoup le choix...

Faute de Commission qui botte en touche, c'est la troïka ministérielle de "Weimar"en la personne des ministres français (Fabius), allemand (Steinmeier) et polonais (Sikorski) des Affaires étrangères qui ira demain (mercredi) à Kiev pour venir signifier au président ukrainien un rappel des valeurs et assurer l'opposition de son soutien. Les eurodéputés – de toutes tendances confondues - ont pris également leur bâton de pèlerin pour se rendre à Kiev ce jeudi.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Certains expliquent ce positionnement comme très subtil au contraire, pour laisser aux États membres la "main" par exemple. C'est une explication. Mais elle n'est pas vraiment recevable.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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