B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Afrique Australe CentraleMissions Opérations

Centrafrique. Les Européens arrivent, un peu… (Maj2)

chargement de blindés (crédit : Ministère Fr de la Défense)
chargement de blindés (crédit : Ministère français de la Défense)

(BRUXELLES2 - exclusif) Le Royaume-Uni avec son C-17 aura été le premier et le plus rapide aux cotés de la France à apporter son aide en logistique de transport stratégique. Un effort de Londres qu'il faut saluer car il est pour l'instant le seul mais qu'il faut aussi relativiser. Car ce beau geste cache aussi un coup de poignard dans le dos.

Des avions mais pas de forces terrestres

Quelques jours avant, le gouvernement de David Cameron avait, en effet, littéralement torpillé l'envoi d'un battlegroup (groupement tactique européen). L'idée avait été émise par le Service diplomatique européen. Les Britanniques ont fait "pull" et réduit l'initiative en cendres. Hors de question d'avoir un soldat britannique sur le sol centrafricain. Et une intervention supplémentaire. Du coté des services de la Haute représentante, également britannique, Lady Ashton, on se fait évidemment discret sur cette descente en flamme. Mais c'est une réalité dont il faut tenir compte aujourd'hui en Europe. Quand le Royaume-Uni prend son tour de rôle dans un battlegroup européen, celui-ci restera au sol. Londres veut bien montrer sa solidarité, être actif militairement, aux côtés d'autres Européens, éventuellement, mais en bilatéral, voire en multilatéral. Il entend garder sa liberté pleine et entière d'action et, surtout, sans avoir un drapeau à bannière étoilée qui le couvre.

D'autres pays européens pourraient venir épauler les Français. Mais ils ne sont pas nombreux. Car plusieurs d'entre eux doivent encore assumer le retrait d'Afghanistan. Et d'autres se sont beaucoup engagés sur les Philippines. Avec la fin de l'année, les "budgétaires" allongent une moue dès qu'on parle d'une opération extérieure.

Aide soutenue de l'Allemagne

L'Allemagne devrait constituer l'apport européen le plus notable. Et ce « très rapidement ». Le ministre de la Défense, De Maizières, l'a confirmé lors d'une conversation téléphonique avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, aujourd'hui (9 décembre). Les moyens de transport stratégiques (type Airbus A310) vont être mis à disposition pour amener matériels et/ou hommes vers N'Djamena (Tchad) ou Libreville (Gabon). L'Allemagne aurait proposé également des ravitailleurs. Mais, contrairement au Mali, où l'opération Serval était "gourmande" en ravitailleurs, du fait des nombreux raids de surveillance et de bombardements des avions de chasse, la configuration de l'opération en Centrafrique est totalement différente et cette offre n'a pas été acceptée, pour l'instant. (maj) La chancelière allemande a confirmé mercredi (11 décembre) la mise à disposition d'un avion de transport à des fins d'évacuation médiale (Medevac).

A ceux qui ricanent..., il faut rappeler que s'il est venu assez tardivement, le soutien allemand à l'opération Serval au Mali a été important : près de 2000 heures de vol, soit au bas mot environ 20 millions d'euros. Ce n'est pas le montant engagé par la France pour les OPEX. Mais c'est toujours cela en moins !

Trois pays dans les startings blocks

La Belgique devrait suivre - le gouvernement doit encore le décider mais ces avions pourraient voler jusqu'à Bangui. L'Espagne y réfléchit sérieusement également. Un nouveau pays pourrait faire son apparition. La Pologne, qui dispose d'avions de transport tactique C-130, pourrait les mettre à disposition de l'opération Sangaris, sans vraiment de caveat. Ce qui est très utile. Varsovie réfléchit à aller plus loin, même, et à engager quelques éléments terrestres. On se souvient que les deux ministres polonais et français ont signé récemment un accord pour la formation des forces spéciales. Si cet engagement (aérien) était confirmé, ce serait un effort notable. Le pays n'ayant pas pour habitude d'évoluer sur le terrain africain. La seule exception date de 2008 où Varsovie avait engagé un bataillon dans l'opération EUFOR Tchad.

Les Américains en soutien limité

Les Etats-Unis ont confirmé ce lundi (9 décembre) par la voix du porte-parole du ministère de la Défense, leur participation, limitée pour l'instant. Chuck Hagel, le ministre de la Défense, a ainsi promis à Jean-Yves Le Drian, la mise à disposition d'avions C-17 de l'US Africom qui vont convoyer les militaires africains de la MISCA du Burundi vers le Centrafrique. (Maj2) Deux C-17 Globemaster III sont arrivés au Burundi, jeudi matin pour transporter un bataillon d'infanterie légère. Et les Etats-Unis ont confirmé le déblocage de 60 millions $ supplémentaires pour la Misca et le transport, soit 100 millions $.

D'autres pays ont été testés : le Danemark - habituel soutien des opérations "à risque" - est très occupé par l'Afghanistan. L'Italie a des problèmes de budget et préoccupée par sa situation politique interne, « complexe ». Les Pays-Bas réfléchissent.

(Mises à jour) 11 déc. et 12 déc.

Lire aussi :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Commentaires fermés.

s2Member®