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EUPOL Copps. Une mission simple dans un contexte compliqué

Mur9400(BRUXELLES2 à Ramallah) Depuis sept ans, l'Europe a déployé une mission de soutien à la police auprès de l'Autorité palestinienne. En théorie, le travail mené par les policiers européens est simple : former leurs homologues palestiniens, tant dans le volet "police de tous les jours" (route, sécurité...) que dans des capacités plus spécialisées (police judiciaire, scientifique, maintien de l'ordre...), assurer le lien entre police et justice et les aider à se doter des structures d’une police conforme aux standards internationaux.

La sécurité un ingrédient du processus de paix

Mais c’est sans compter sur la complexité politique de la situation. Comme l’a résumé Hansjörg Haber commandant des opérations civiles de l’UE (CPCC) lors d’une conférence de presse tenue à Ramallah en présence du chef de la mission EUPOL Copps et du chef de la police palestinienne : « la sécurité est un ingrédient nécessaire d’une négociation du processus de paix (...) Les questions de sécurité ici ne sont pas celles que l'on connait en Afghanistan, en Irak ou en Libye. Mais, nulle part, la tâche n’est aussi difficile politiquement qu’ici »La police rencontre des difficultés opérationnelles. « La division en trois zones de la Cisjordanie est un réel défi pour la police palestinienne. »

Le major Attalah (Autorité palestinienne) et Ken Deane (EUPOL Copps) (© NGV /Bruxelles2)
Le major Attalah (Autorité palestinienne) et Ken Deane (EUPOL Copps) (© NGV /Bruxelles2)

Un travail compliqué par les zones

Ce que confirme le Major Hazam Attelar, chef de la police palestinienne. « La principale préoccupation est l’occupation, avec les zones, on a besoin de meilleure coordination, les criminels savent et utilisent ces divisions pour échapper aux poursuites, c’est le plus dangereux obstacle et qui détruit tous nos efforts à l a police palestinienne. » Mais si la police palestinienne s’occupe des zones B, cela peut causer de réelles questions si les Palestiniens protestent contre les colonies »

Si la police ne fait pas le travail, qui le fera

Sans l’autorité palestinienne – et le travail de la police – « il serait encore plus difficile de convaincre Israël (et les Etats-Unis) de s’engager dans le processus de paix » ajoute un expert européen. « Si la police palestinienne ne fait pas le travail de maintien de l’ordre, ce sont les forces israéliennes — l’armée — qui se retrouveront en première ligne » souligne un policier européen. « Et on se risque de se retrouver avec un cercle vicieux violences-répression » comme la région en a déjà connu.

Des progrès

Dans les rues à Ramallah ou ailleurs, la police est présente. Et l'insécurité présente il y a quelques années a disparu. « La police civile et la police judiciaire ont beaucoup progressé », explique Kenneth Keane, le chef de mission EUPOL Copps. Que ce soit sur des plans généraux – l’organisation, la formation – comme des aspects spécialisés – le travail sur une scène de crime, la répression du crime organisé, le cyber-crime. C’est loin d’être parfait sans doute. Mais « on a des taux de satisfaction dans la population à un si haut niveau qu’on a peu l’habitude dans nos pays. 75% de la population trouve que la police fait son travail. (...) La PCP a réalisé l’importance de ce qu’est le service à la population. Ils veulent les aider, les servir. C’est une question clé dans le processus : qui fait la police, qui fait la sécurité. »

Une police entraînée selon les meilleurs standards

« c’est une police entraînée selon les meilleurs standards possibles, au niveau européen » confirme Hansjörg Haber, commandant des opérations civiles de l’UE (CPCC). Dans la région, la police palestinienne est certainement une des mieux entraînées, mission de prévenir ou mettre fin à des confrontations violentes. » Quand vous la comparez avec d’autres polices des pays arabes, il y un « certain niveau de maturité ». Un constat partagé par tous les interlocuteurs.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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