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Un nouveau navire coule au large de Lampedusa. Marines italienne et maltaise en action (Maj5)

Le raft largué par l'avion a permis de sauver plusieurs migrants (crédit : Forces armées maltaises)
Le raft largué par l'avion a permis de sauver plusieurs migrants (crédit : Forces armées maltaises)

(B2) Au rythme des naufrages en Méditerranée, organiser une grande opération de sauvetage de Chypre à l'Espagne — comme l'indiquait Cecilia Malmström, la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures — parait du domaine nécessaire. Mais les opérations de Search and Rescue sont désormais du quotidien...

Aujourd'hui, encore, un bateau chargé d'immigrants a été « repéré par le centre de sauvetage, à 16h, en situation "instable" par un avion de patrouille maltaise dans l'après-midi, à 60 miles nautiques au sud de Lampedusa » indique le QG des forces armées maltaises (AFM). NB : en fait, à mi-chemin entre les côtes libyennes et Malte.

« Quelques minutes plus tard, l'avion signalait que le bateau avait chaviré et que de nombreuses personnes étaient dans l'eau. Une première assistance a alors été fournie par l'avion qui a largué un radeau de sauvetage à proximité des personnes en détresse ». Apparemment, à la vue de l'avion, les migrants ont fait mouvement sur le navire. Et c'est à ce moment qu'il a chaviré.

La carte du naufrage (Source : Forces armées maltaises)
La carte du naufrage (Source : Forces armées maltaises)

Un premier bateau de patrouille P61 des forces maltaises est arrivé le premier sur place, « à 17h51 » et a « immédiatement entrepris le sauvetage des personnes ». Il a été rejoint peu après par un autre navire patrouilleur, italien, cette fois, l'ITS Libra. Ils ont été rejoints par plusieurs hélicoptères de Malte et Lampedusa, ainsi qu'un troisième navire, la frégate italienne Espero.

(Maj) Selon un premier bilan donné par les forces maltaises, environ 200 personnes auraient pu être secourues. 56 l'ont été par l'ITS Libra (39 hommes, 8 femmes et 9 enfants), 147 l'ont été par le P61 (109 hommes, 19 femmes et 15 enfants. 15 par un autre bateau de pêche italien et le restant par le navire maltais). « Les cas les plus critiques ont été évacués par hélicoptère sur les antennes médicales de Lampedusa. » Mais plusieurs personnes environ seraient mortes. On parle d'une cinquantaine de morts. La marine maltaise mentionne au minimum 4 corps repêchés et les autorités italiennes un bilan qui pourrait atteindre 34 morts. Le bateau de migrants contenait environ 250 personnes - selon ANSA - dont des Syriens et Palestiniens. Ce chiffre a été revu à la hausse ensuite, aux environs de 400 personnes ; le bilan pourrait donc être plus lourd et se chiffre à plus de 200 morts.

NavireP61@AFM

Le P61 de la marine maltaise (archives B2 - crédit : Forces armées maltaises)

Malte appelle à l'action européenne

(Maj2) Le Premier ministre de Malte a sonné l'alarme, hier, dans une conférence de presse. « Combien de personnes mourront avant qu'une action soit prise. Malte et l'Italie travaillent ensemble. Mais nous avons le sentiment que nous sommes abandonnés dans cette opération. C'est un problème européen. Ces populations désespérées qui cherchent un futur en Europe. L'Europe ne peut fermer les yeux. » « Au train où vont les choses, nous sommes en train de construire un cimetière dans notre mer Méditerranée » a ajouté Joseph Muscat demandant « de façon urgente à l'Union européenne de prendre des mesures ».

Un tir des forces libyennes ?

(Maj3) Si le bateau de 20 mètres aurait coulé, selon plusieurs témoignages de rescapés parvenus à Malte qui se sont confiés à un confrère de Malta today, c'est parce qu'ils ont été pris sous le feu d'un navire de militaires libyens qui les a poursuivis. « Ceux-ci ont suivi le bateau durant six heures, leur intimant l'ordre de rebrousser chemin. Ils étaient habillés en civils. Mais on voyait bien que c'étaient des policiers. Comme le capitaine refusait. Ils ont commencé à tirer. Deux personnes auraient alors été tuées. S'en est suivi un mouvement de panique qui a causé le naufrage » expliquent-ils. Les migrants étaient partis du port de Zuwarah, au nord-ouest de la Libye, en payant 3000 $ chacun aux milices.

Un des plus durs sauvetages de ma vie

(Maj4) « Je fais ce genre de travail depuis 10 ans et c'est une des opérations les plus difficiles de ma carrière » a expliqué le major Russel Caruana dans le Times of malta après son retour dans l'ile. « C'était très dur notamment du fait de la grande distance à laquelle nous avons opérée (120 miles) et des conditions météo qui étaient dures mais aussi à cause du nombre de personnes qui étaient à la mer. Nous avons fait beaucoup d'opérations de la sorte. Mais cette situation était plus dramatique que d'habitude. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : L’Europe peine à accueillir les réfugiés, Syriens y compris (Maj)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “Un nouveau navire coule au large de Lampedusa. Marines italienne et maltaise en action (Maj5)

  • Cassandre

    “Car les opérations de Search and Rescue sont désormais du quotidien”… Malheureusement, les operations de search and rescue sont bien quotidiennes, mais pas “desormais”. Depuis des annees, des pays europeens font face a des vagues d’embarcations surchargees, en deployant des moyens en nombre, parfois dans le cadre d’operations de l’agence Frontex, pour justement eviter ce type de drame.

    Ces drames font reagir, a juste titre, par leur ampleur. Mais il ne faut pas que l’emotion legitime donne l’impression qu’on decouvre ce phenomene, qu’il est nouveau, et que personne ne fait rien.

    Parfois les passeurs provoquent le naufrage de l’embarcation pour forcer les secours, souvent le nombre de personnes embarquees constitue a lui seul un danger. Et en mer, toujours il y aura le risque de ne pas pouvoir “ramener tout le monde”.

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