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Sortie du Royaume-Uni de l’UE : perte de sécurité, perte d’influence ! (De Maizières)

(BRUXELLES2) Dans une interview donnée lundi au quotidien d'opposition The Guardian, Thomas de Maizières, le ministre allemand de la Défense (CDU) s'en prend assez violemment à une hypothèse de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. C'est un aspect méconnu par David Cameron, le Premier ministre britannique, explique-t-il. Mais « si la Grande-Bretagne quitte l'UE, ce serait une grande déception pour nous. Ce serait affaiblir l'OTAN, ce serait affaiblir l'influence britannique au sein de l'OTAN. Je pense que d'un point de vue militaire, les inconvénients pour la Grande-Bretagne seront plus grands que les avantages ».

Une perte d'influence pour le Royaume-Uni

Le ministre de Angela Merkel s'est défendu d'intervenir dans un débat national. « Je ne veux pas parler des questions économiques ou des questions sociales, savoir si vous conduisez à gauche ou à droite de la route, je parle de sécurité. Je parle de l'influence britannique au-delà de ses propres frontières. Cela fait partie de la tradition britannique que la Grande-Bretagne doit jouer un rôle dans le monde. En dehors de l'UE, elle ne perdrait pas un rôle, mais elle réduirait leur influence. Et n'est pas dans l'intérêt de la Grande-Bretagne. »

Une solitude pour l'Allemagne

Et le ministre de la Défense d'ajouter : « En Allemagne, nous perdrions un partenaire solide pour une coopération pro-atlantique de l'Amérique et la voie pragmatique britannique de traiter des questions de sécurité. » Ne nous laissez pas seuls avec la France ! semble vouloir dire le ministre, de manière à peine subliminale. « La France nous a demandé de prendre le lead dans l'Union européenne en matière de défense. La France n'est pas en faveur d'un renforcement du rôle de l'OTAN. Le Royaume-Uni est tout le contraire ».

Franchement mécontent

Assez mécontent de voir l'Allemagne régulièrement prise pour cible, car elle ne dépense pas assez pour sa défense, il a taclé un peu ses partenaires, français et britanniques. « Au cours des cinq dernières années, le budget de la défense allemand a été assez stable. Il n'a subi presque aucune réduction, et dans l'avenir, il restera stable. C'est presque unique en Europe », a-t-il dit. « Parmi les grands pays, seule la Pologne est dans une position similaire. Je vois des réductions (de budget) de Grande-Bretagne et en France. Je ne les critique. Mais ce que je vois : c'est que nous gardons la ligne, pas eux. On entend parfois que nous devrions avoir plus d'engagements. J'aimerai en connaitre les raisons. Je parle franchement »...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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