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Afrique Ouest - SahelReportage

Fiers d’être là

Le lieutenant colonel Sanogo commandant le bataillon "Warraba" (© NGV / Bruxelles2)

(BRUXELLES2) Pour le lieutenant-colonel Yacouba Sanogo (*), qui vient du 35e régiment de blindés basé à Kati, et commande les "Lions", « c'est une grande chance » d'être là. « Le pays a besoin de nous » Or l'armée malienne n'est pas vraiment opérationnelle « Nous n'avons pas assez de bonne formation et pas de bon équipement ». « Une fois que nous aurons les deux, nous serons vraiment mobilisés » et « prêts à monter dans le nord à Kidal » bien sûr « pour sécuriser la zone, faciliter le retour de l'administration » mais aussi où le gouvernement voudra bien nous envoyer ». Le nord, une région qu'il connait déjà. « On a tous l'expérience du nord. Depuis dix ans on est en crise et on a tous été dans le nord ». L'officier supérieur de 45 ans qui n'est pas encore à l'aise devant les médias. Notre interview participe d'ailleurs de sa formation. Un de ses mentors viendra discrètement après notre interview pour faire le point avec lui, lui rappeler les principes « quelles que soient les questions des journalistes, tu reviens à ton message, c'est cela l'important, ton message ».

Fiers d'être là

Les officiers intermédiaires ne veulent d'ailleurs pas répondre aux journalistes directement, sans l'autorisation de leur service de presse. « Je ne parle pas. Je respecte les ordres ». C'est cela aussi l'apprentissage ... Cependant à la pause, de façon anonyme, un de ces sous-officiers, avec une solide expérience, près de 20 ans de service a accepté de se confier.

Une certaine habitude des formations pour les plus anciens

Ce n'est pas la première fois que les armées occidentales viennent les former, ils l'ont été par les Américains, les Français... « Nous avons déjà vu certaines choses » Vieux routier, il note au passage certaines nouveautés qui apparaissent dans la formation, comme la manière de fouiller des personnes à un check point « Ca c'est une chose nouvelle ». Une manière de noter ainsi les évolutions de nos armées, l'Afghanistan est passé par là (A suivre : le syndrome afghan). Dans tous les cas, il est très content d'être là, avec ses hommes, de pouvoir reformer une armée, ayant le sentiment d'appartenir à une élite, qui teste. « Nous sommes les précurseurs » affirme leur chef, le ltt colonel Sanogo.

Très volontaires

Ce sentiment est confirmé par les formateurs. Les Maliens sont « très volontaires. Ils veulent apprendre. C'est vraiment un plaisir de faire leur instruction ». D'autant qu'on ne part pas de zéro. « Ils ont eu une instruction initiale, voire complétée par des stages à l'étranger. » Et en à peine une semaine, depuis leur arrivée, « on sent les progrès, c'est net. » Mais il y a cependant tout une série de points à reprendre, notamment la cohésion de groupe. « Ils en sont conscients d'ailleurs. Et sont très intéressés ». En témoigne le nombre de questions qui jalonnent les différents ateliers et exercices. A suivre...

(*) Un homonyme mais pas plus avec le capitaine auteur du coup d'Etat.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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