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La voix unique des Affaires étrangères est une voix muette

(BRUXELLES2) Depuis plus de trois ans, c'est une constante au sein du service diplomatique européen : limiter au maximum la communication de la Haute représentante et encore plus sur les opérations de la PSDC.

Malgré le temps écoulé, le renforcement du service de communication, désormais largement doté, on reste toujours dans l'épure des premiers papiers que j'avais publié sur ce blog. Est-ce une volonté clairement affirmée par la Haute représentante ? Ou une décision intuitive ? Sans doute, car il est autrement inexplicable comment une telle inorganisation se déroule. Si ce schéma était explicable au tout début, quand la Haute représentante prenait ses fonctions, que le service de communication prenait ses fonctions, aujourd'hui c'est une tout autre histoire.

D'une part, la Haute représentante s'est fixée comme règle de ne prendre que trois questions lors des conférences de presse aux réunions ministérielles des Affaires étrangères (je ne parle pas des ministérielles de la Défense, elle n'y assiste pas). Même à Dublin, lors de la réunion ministérielle, elle n'a pas dérogé à cette règle, alors que rien dans l'emploi du temps ne le justifiait. Les ministres étaient même en avance de plus d'une heure sur leur horaire. Ce qui est assez contraire à l'esprit du Traité de Lisbonne et même aux accords signés avec la presse.

C. Ashton ne se contente pas de limiter sa parole formelle, elle ne donne informellement aucune chance de rencontrer les journalistes, à l'inverse de nombre de ministres. Ainsi le ministre irlandais des Affaires étrangères est venu "papoter" avec les journalistes dans la salle de presse, durant une bonne demi-heure. Un entretien très intéressant car il a permis de comprendre les enjeux de la discussion entre ministres.

Les demandes de rencontre informelle, de briefings, d'interviews, et autres moments qui permettent aux uns et aux autres de pouvoir communiquer sans risquer d'être pris en défaut (le fameux "off" journalistique qui a tout son intérêt en diplomatie car il permet d'expliquer et justifier des prises de position) sont restées sans réponse. Quand les chefs de mission passent à Bruxelles, la presse est rarement tenue informée. Il faut un espèce de "push" journalistique pour arriver à vaincre une certaine inertie du porte-parolat. En témoigne la dernière visite du général Lecointre qui a été largement bridée.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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