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L’opération Serval alias Newcombe ?

(BRUXELLES2) Les troupes britanniques seraient sur le départ. Du moins c'est ce que raconte le Times, généralement bien informé. Le quotidien britannique conservateur a eu des informations que des unités de l'armée de terre, de la Royal Air Force et même de la marine sont en "alerte rouge" (high readiness) pour se déployer à la demande de la France. Le Quartier général des opérations - basé à Northwood - a jusqu'à la fin de la semaine pour finaliser des plans d'urgence pour toute opération au Mali. Nom de code "Newcombe" - le nom d'un militaire britannique engagé dans les opérations en Palestine et en Egypte aux cotés de T.E Lawrence (alias Lawrence d'Arabie).

Elément déterminant : la prise d'otages d'In Amenas

Ce ne serait pas étonnant. Le Conseil national de sécurité (britannique) se réunit ce mardi (22 janvier) pour étudier l'aide britannique à l'intervention française au Mali. Devant les députés de la Chambre des Communes, lundi, le Premier ministre, David Cameron, avait annoncé vouloir « travailler avec les Maliens (pour) prévenir le développement d'un terrorisme aux portes de l'Europe ». De la même façon,  l'envoi de forces spéciales pour combattre le terrorisme d'Al Qaida, après la prise d'otages d'In Amenas, il a annoncé vouloir « engager les moyens britanniques de renseignement et de contre-terrorisme dans un effort international pour débusquer et démanteler le réseau qui a planifié et donner l'ordre de l'assaut brutal à In Amenas ». Il faut, en effet, souligner que, malgré les revendications affichées (contre l'intervention française au Mali), cette prise d'otages visait principalement les intérêts britanniques dans le pays : c'est un site de BP (British Petroleum) qui a été visé dans une attaque planifiée à l'avance. Et plusieurs Britanniques figurent parmi les personnes décédées.

Arrière pensée politique ?

Si l'engagement britannique au Mali - ou ailleurs - est confirmé, il semble donc davantage la conséquence de la prise d'otages - qui a sonné le coup de gong aux yeux de Londres - que la volonté d'aide les Français. Il ne faut pas pas non plus nier un élément politique prépondérant dans cette accélération du calendrier à Londres. A 24 heures du discours de Cameron sur l'Europe — qui entend traduire la volonté de rapatrier certaines compétences communautaires au niveau national —, il y a aussi la volonté de ne pas laisser les Français faire cavaliers seuls au Mali et sur toute la zone sahélienne avec leurs amis "continentaux" et ainsi justifier cette Europe de la Défense que Londres redoute tant.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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