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Le mandat de la MONUSCO : à réviser dit le Conseil de sécurité. L’avancée du M23 sur Goma condamnée

un Camp des forces gouvernementales FARDC (Crédit : Nations-Unies)

(BRUXELLES2) Le Conseil de sécurité des Nations Unies a, mardi soir, condamné l’attaque du M23 sur Goma, capitale régionale frontalière avec le Rwanda, et demandé à ce que les rebelles se retirent de RDC, dissolvent leur mouvement et déposent les armes. Proposée par la France, la résolution qui porte le n° 2076 condamne les attaques sur les civils, sur les acteurs humanitaires ainsi que sur les forces de maintien de la paix des Nations-Unies, la MONUSCO. Elle condamne l'aide extérieure, donne une base à des sanctions contre les dirigeants du M23 ainsi qu'à une redéfinition du mandat de la MONUSCO.

Condamnation de toute aide externe

La résolution demande aux acteurs étrangers qui soutiennent le M23 de mettre fin à leur soutien, quel que soit sa nature. Le Secrétaire Général des Nations-Unies, aidé de l’Union Africaine et des outils institutionnels (EJVM) de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), est appelé à examiner de près les rapports faisant état de soutien externe et d'équipements sophistiqués utilisés par le M23. Sans être nommé, l’investigation vise particulièrement le Rwanda, à la source de cette "augmentation substantielle des capacités militaires du M23".  L’Ouganda est également dans le viseur des Nations-Unies.

L'aide étrangère au M23

Pour le représentant du Congo à l'ONU, Séraphin Ngwej, les opérations qui ont conduit à la chute de Goma ne sont pas dues au hasard. Les succès du M23 sont « surprenants » a-t-il précisé. Les rebelles ont « bénéficié d’une planification remarquable, d’un réapprovisionnement suffisant et surtout des équipements de visions nocturnes, que ni les Forces armées de la RDC (FARDC), ni la MONUSCO ne comptent dans leurs stocks, à l’exception du Rwanda ». Un propos partagé au plan européen. Comme l'a précisé le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders à quelques journalistes (dont B2) : « des éléments lourds d’artillerie comme une capacité de se déplacer de nuit ne se voient pas dans des groupes locaux sans un certain soutien ». Le Rwanda préfère détourner l'attention. Son représentant, Olivier Nduhungirehe, a mentionné des tirs de roquette qui ont frappé le Rwanda et fait notamment deux morts, mettant en cause les versions différentes fournies par la RDC. Il a aussi expliqué que « La solution militaire ne peut pas fonctionner » appelant à un dialogue entre Congolais et non pas entre « de mauvais interlocuteurs ».

Sanctions : Deux chefs du M23 sanctionnables

Le Conseil condamne toutes les exécutions sommaires, les violences sexuelles et les campagnes de recrutement forcé, notamment les utilisations d’enfants soldats. Tous ceux responsables de ces violences doivent être amenés devant la loi internationale. Le comité de sanctions 1533 devrait se prononcer précisément sur les sanctions à appliquer à l’encontre d’Innocent Kaina et de Baudoin Ngaruye, deux chefs bien connus du M23. D’autres sanctions pourraient être prises par le Comité sur le commandement des rebelles et ceux qui les soutiennent. Le Rwanda pourrait ainsi à la fois être sanctionné par le Conseil de sécurité et à la fois accéder à ce même Conseil le 1er janvier, puisque celui-ci y a été élu en octobre pour une durée de 2 ans.

Elargissement du mandat de la MONUSCO

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU est invité, dans les prochains jours et en consultation avec les pays participants, à présenter au Conseil toutes les options pour un redéploiement du mandat de la force onusienne. La solution la plus envisageable pour l’instant serait de donner à la MONUSCO un mandat de contrôle des frontières. La nomination d’un envoyé spécial de l’ONU est également dans les tiroirs. Plusieurs critiques fusent déjà, dénonçant une coexistence entre le M23 et les forces internationales restées sur place. Mais le représentant de la France auprès de l’ONU, Gérard Araud a expliqué que «le mandat de la MONUSCO n’est pas de prendre partie dans la guerre civile. (...) Maintenant que l’armée nationale congolaise a quitté Goma, la mission de la MONUSCO est de protéger les civils». Mission non forcément évidente pour 1600 casques bleus perdus dans une ville d’un million d’habitant, assure l’ambassadeur. «Nous avons toujours essayé de promouvoir ce qu’on appelle en jargon le «maintien de la paix robuste» (...) nous essayerons dans les jours qui viennent selon les évènements de renforcer encore le mandat».

Rédaction de B2

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