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Film anti-Islam. L’UE avec les organisations arabes et africaines contre les extrémismes

(BRUXELLES2) Face à la montée de la violence anti-occidents dans certains pays musulmans —  et les protestations animées, d'un coté, en sous-main par des groupes radicaux fondamentalistes, de l'autre par une extrême-droite soufflant sur les braises ; l'Union européenne (par le biais de son Haut représentant) avec trois autres organisations régionales — l'Organisation de la conférence islamique et la Ligue arabe (par le biais de leurs secrétaires généraux respectifs) et l'Union africaine (par le biais de son commissaire pour la paix et la sécurité) — viennent de diffuser (jeudi soir) un communiqué commun qui est, selon moi, une première (*). Nous avons là une diplomatie européenne en action. Ce n'est pas souvent qu'on le souligne. Alors précisons-le...

L'angoisse des musulmans, partagée par tous, le nécessaire respect des prophètes

Les 4 "mousquetaires" ont voulu envoyer un « message de paix et de tolérance ». « Nous partageons un profond respect pour toutes les religions. Nous sommes unis dans notre conviction de l'importance fondamentale de la liberté religieuse et la tolérance. Nous condamnons toute incitation à la haine religieuse qui constitue une incitation à l'hostilité et à la violence. Tout en reconnaissant pleinement la liberté d'expression, nous croyons à l'importance du respect de tous les prophètes, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent. » « L'angoisse des musulmans, face à la production d'un film insultant l'islam, à la publication d'un extrait sur internet et d'autres actes similaires, est partagée par tous les individus et les communautés qui refusent que la religion soit utilisée pour alimenter la provocation, la confrontation et l'extrémisme. »

Un message contre les extrémistes

« Nous condamnons tout message de haine et d'intolérance. Nous savons que le comportement de petits groupes de personnes ne représente pas les collectivités plus grandes dont ils sont originaires. Mais les dommages qu'ils peuvent infliger peuvent être considérables. Nous devons nous assurer que les récents événements ne sapent pas les relations de confiance et le respect que nous avons acquise au fil de nombreuses années entre nos peuples, les communautés et les États. La communauté internationale ne peut pas être l'otage des actes des extrémistes de part et d'autre. »

Un appel à mettre fin aux violences

« Nous condamnons les récentes attaques contre des missions diplomatiques qui ont causé la perte tragique de vies humaines. La violence ne peut avoir aucune place dans nos sociétés et de la parole offensante ne peut être satisfaite par des actes violents. Car cela ne fera que créer une spirale de la brutalité dont nous souffrons tous. La raison plutôt que la rage doit prévaloir. Aujourd'hui, nous appelons à mettre fin à la violence là où elle existe. Nous appelons à la paix et à la retenue. »

« Nous réitérons notre ferme engagement à prendre des mesures supplémentaires et de travailler à un consensus international sur la tolérance et le respect de la religion, y compris sur la base de la résolution 16/18 du comité des Droits des l'homme des Nations unies. En outre, nous appelons tous les dirigeants, qu'ils soient politiques, laïques ou religieux à promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle. Nous allons continuer nos efforts pour montrer que ce qui nous unit à travers les régions et les religions est bien plus grand que ce qui nous sépare. La seule réponse à l'obscurité de l'intolérance et de l'ignorance est la lumière de respect mutuel, de tolérance et de dialogue.»

Texte de la Déclaration commune(en anglais)

NB : traduction par mes soins - toute responsabilité en cas d'erreur de traduction est due à l'incapacité du service diplomatique européen de fournir un texte en français.

(*) A une seule exception, en 2006, J. Solana avec Ban Ki Moon (ONU) et Ekmeleddin Ihsanoglu (OIC) avaient réagi sur un évènement identique, après la flambée de violences qui avait suivi la publication des caricatures du prophète Mahomet en 2006 par un journal danois (lire cette déclaration).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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