L’UE reconnait les sacrifices des Pakistanais… et cherche un allié stratégique ?
(BRUXELLES2) A l'occasion de sa première visite au Pakistan, la Haute représentante de l'UE Catherine Ashton a lancé aujourd'hui (mardi 5 juin), le dialogue stratégique avec ce pays. « Une visite très attendue » selon la ministre pakistanaise des Affaires étrangères. C'était un des éléments prévus dans un plan d'engagement sur 5 ans adopté par l'UE et le Pakistan en février dernier, censé renouveler les relations entre les deux parties. Si « dans le passé, notre relation se basait essentiellement sur le commerce », ce dialogue stratégique doit permettre de traiter des autres enjeux, et notamment d'amener celui de la sécurité « sur le devant de la scène », selon la Haute Représentante. Un dialogue qui doit continuer : il doit être « institutionnalisé » selon la ministre pakistanaise.
Reconnaissance des sacrifices pakistanais
Catherine Ashton a tenu à reconnaître les « énormes sacrifices faits par le peuple pakistanais dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme ». « Tant de gens ont perdu la vie, tant de gens ont été blessés, tant de familles ont été dévastées par ce qui s'est passé dans ce pays ». Le Pakistan attendait beaucoup cette reconnaissance et fait donc part de ses « profonds remerciements » à l'UE pour avoir « écouté la voix du peuple pakistanais ». En guise de récompense face à ces sacrifices, le Pakistan ne demandait qu'une chose : un accès préférentiel aux marchés internationaux. Et en particulier à celui de l'UE, qui avait déjà répondu présent après les inondations de 2010. Le "dialogue stratégique" inauguré aujourd'hui doit permettre de poursuivre dans cette direction. Des discussions vers un accord de libre-échange sont ainsi envisagées.
Renforcer la coopération et faire du Pakistan un allié stratégique
Selon le plan en 5 ans, dont l'un des 6 volets est la sécurité, des « dialogues sectoriels » doivent être instaurés dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, le trafic de drogues ainsi que pour le désarmement et la non-prolifération. L'UE pourrait donc bien avoir ici un allié stratégique. D'autant qu'en reconnaissant les « sacrifices » pakistanais, elle affirme une position assez différente de celle des USA. Ceux-ci sont en effet en froid avec le Pakistan, qui s'oppose fermement aux attaques de drones américains sur son territoire. Selon les autorités pakistanaises, non seulement ces attaques sont illégales mais aussi contre-productives : elles tuent des civils, minent le moral des pakistanais, favorisent l'anti-américanisme et poussent les rebelles vers plus d'extrémisme.