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Les Cinq autres postulants au poste de représentant spécial pour les Droits de l’homme

(BRUXELLES2) Les "27" ministres des Affaires étrangères n'ont pas adopté lundi de représentant spécial pour les Droits de l'Homme. Et pour cause, celui-ci n'est pas encore désigné. Les auditions se déroulent ces jours-ci. Outre Stavros Lambrinidis, qui est le candidat favori de plusieurs groupes au Parlement européen, on a en fait différents candidats, qui présentent des qualités ou caractéristiques différentes : 2 femmes et 3 hommes. Par ordre alphabétique :

Une Lituanienne, Laima Andrikienė.

Née en 1958, est actuellement eurodéputée, membre de l'Union pour la Patrie (PPE) et rapporteur sur la question des Droits de l'Homme. Elle s'est engagée notamment pour dénoncer le sort fait aux opposants à Cuba.

Diplômée en économie et mathématiques de l'université de Vilnius, puis docteur en économie (1986), elle a aussi étudié à l'université de Manchester (1988-89) et à l'université de Georgetown (1996). Elle débute comme ingénieur dans le centre informatique de l'institut de recherche pour l'économie agricole (1980-1983) puis chercheur à ce même institut  (1983-1989). Assistante du vice-Premier ministre de Lituanie (1989-1990), elle devient députée à la Seimas (la Diète lituanienne) en 1992, poste qu'elle occupe jusqu'en 2000. En 2002, elle devient professeur associé à l'université de droit de Lituanie et directrice de l'Institut pour la politique européenne (jusqu'en 2004). Plusieurs fois ministre : Industrie et Commerce (1996), Affaires européennes (1996-1998), elle a d'abord appartenu au Sajudis (1988-1993) puis a participé à la fondation d'un autre mouvement, l'Union pour la Patrie

Un Tchèque, Jan Jarab, ancien de la Révolution de velours, il était en charge du mouvement des jeunes. Il a été ensuite au cabinet du commissaire Spidla, en charge des questions d'exclusion, de discriminations, de politique sociale et de santé. Il est aujourd'hui représentant régional du Haut commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU.

Médecin, il se distingue lors de la révolution de velours en étant le porte-parole "jeune" du mouvement. Il participe ensuite à plusieurs ONG, notamment HOST (mouvement pour la tolérance et la solidarité citoyenne) dont il est des fondateurs qui s'attachera à attirer les actes racistes et les violences contre les Roms et les immigrants, ainsi que les abus de pouvoir dans la république Tchèque. Il intègre le département des droits de l'Homme du gouvernement, puis est nommé Commissaire pour les droits de l'homme de la république tchèque, poste qu'il tiendra jusqu'à octobre 2004. Il développe notamment la législation anti-discrimination et la mise en place d'un PACS pour les couples de même sexe. C'est aussi un écrivain poursuivant ainsi dans la lignée des principaux hommes politiques tchèques, a publié un essai "Šíleně pomalá revoluce" (révolution douce)

Un Danois,  Moorten Kjerum, actuellement directeur de l'Agence européenne des droits fondamentaux (depuis juin 2008).

Il a été le directeur fondateur de l'Institut danois pour les droits de l'Homme, auquel il a donné 17 ans de sa vie et qu'il a contribué à lui donner une stature internationale. Expert reconnu dans la mise en oeuvre des droits de l'Homme, il a été membre du comité des Nations Unies pour l'Elimination de la discrimination raciale et président du Comité de coordination internationale des institutions nationales de droits de l'Homme.

Une Finlandaise, Astrid Thors, aujourd'hui eurodéputée. Membre du parti populaire suédois, elle a été ministre des migrations et des Affaires européennes de 2010 à 2011 dans le second cabinet Vanhanen.

Née en 1957, diplômée en droit, avocate à la Cour de 1983 à 1986, elle a été conseillère politique auprès des ministres de la Justice Christopher Taxell et de la Défense Ole Norrback (1986-1989), adjointe au secrétaire municipal de la ville d'Helsinki (1989), directrice adjointe de l'association des municipalités suédoises de Finlande (1989-1993), directrice de l'association finlandaise des autorités locales et régionales (1993-2002). Membre du Parlement de 1996 à 2004, elle a été présidente des Jeunesses du Parti populaire suédois (1981-1993) et vice-présidente du Parti populaire suédois (1992-2000).

Un Français, François Zimeray, actuel ambassadeur pour les Droits de l'Homme. Un homme d'expérience mais qui a aussi son franc parler.

Né en 1961, maire du Petit-Quevilly, réputé proche de Fabius, le ministre des Affaires étrangères, il est depuis 2008 l'ambassadeur pour les droits de l'Homme. il est aussi avocat. Un métier qui lui permet de s'engager sur certaines causes : la défense des victimes des khmers rouges ou les opposants politiques au Laos. Un métier qui développe chez lui une force de conviction qu'il utilisera ensuite au Parlement européen. Elu en 1999, il se fait une réputation de positions déterminées. S'il défend le camp de la paix en Israël ou les modérés palestiniens, va à Gaza à deux reprises, il n'hésite pas non plus à accuser l'Autorité palestinienne de détournement de fonds européens, demandant l'ouverture d'une enquête. Il fonde l'association Medbridge Strategy Center qui entend favoriser le dialogue entre responsables européens et du Proche-Orient. En 2004, le PS ne lui donnera pas l'investiture pour le renouvellement aux Européennes. Zimeray se mobilise alors pour le Darfour. Il est en 2007 dans les camps de réfugiés au Tchad avec Bernard Henry-Lévy. Et il est nommé en 2008 ambassadeur pour les droits de l'Homme. Récemment il avait dénoncé le "Guernica syrien" du "gang des barbares de Damas".

Selon la personnalité choisie, on en saura plus sur la réelle vocation donnée par la Haute représentante, l'Union européenne et le Parlement européen. Le poste de représentant spécial pour les Droits de l'Homme est, avant tout, un poste de "parole".

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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