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La non reconnaissance du génocide en Bosnie : “préoccupant” (Cazeneuve)

(BRUXELLES2) Le ministre des Affaires européennes français, Bernard Cazeneuve, l'a confirmé lors d'un point de presse à Strasbourg avec quelques journalistes. Si la Serbie progresse « bien » sur la voie de l'adhésion européenne, il y a encore « des conditions à respecter : notamment le bon voisinage » a-t-il expliqué répondant à une question de B2. Un des « fondements de la construction européenne », c'est le respect de bonnes relations avec ses voisins. Et « la reconnaissance du génocide (*) fait partie du respect de ces conditions, il y a un ensemble de points à respecter. » Commentant les propos de Nikolic, il a jouté. Ce sont des « propos préoccupants car ils ne contribuent pas à créer un climat de confiance avec la Serbie. La France attend de la Serbie de poursuivre des efforts sur la voie de la réconciliation régionale. »

(*) Un point qui ne peut souffrir de discussion. La justice internationale s'est « clairement prononcée sur ce sujet en 1995 » rappelle-t-on côté français.

Les responsables européens évitent de prononcer le mot "génocide"

Le président serbe Tomislav Nikolic était à Bruxelles jeudi. Et les responsables européens ont été beaucoup moins explicites que le ministre français. Le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, a bien mentionné « la normalisation des relations de la Serbie avec le Kosovo. (Cela) reste une condition absolument centrale pour avancer dans les prochaines étapes du processus de l'Union européenne. C'est important de faire tout le possible pour que la Commission puisse éventuellement recommander l'ouverture de négociation avec nos Etats membres ». Mais il n'a pas mentionné la Bosnie-Herzégovine dans son propos introductif ni le mot génocide. Il a préféré, au contraire, mettre l'accent sur une série de réformes économiques ou judiciaire que devaient entreprendre la Serbie. « Nous devons travaillé en étroite collaboration avec la Serbie sur des domaines clés comme la réforme judiciaire, la lutte anti-corruption (et) contre la criminalité organisée, la liberté des médias, la protection des minorités, et les réformes économiques structurelles ».

Même prudence chez Catherine Ashton. La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères a aussi évité les mots qui fâchent. A la différence de son collègue portugais, elle a, tout de même insisté sur l'existence de « principes fondamentaux dans l'UE. Et, pour moi, il n'y a pas de place dans le monde d'aujourd'hui pour une rhétorique venue du passé ». Sur le Kosovo, son message est cependant plus optimiste, enjoignant les Serbes de poursuivre les efforts : « J'ai été rassurée d'entendre les engagements du président Nikolic que les accords obtenus dans le cadre du dialogue entrepris (sous l'égide de l'Union européenne) avec Pristina seraient pleinement mis en oeuvre ».

NB : la Serbie a obtenu son statut de pays candidat en mars

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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