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Retrait français d’Afghanistan, les “précisions” de F. Hollande: toujours un peu floues

(BRUXELLES2 à Chicago) Le retrait des forces combattantes françaises d'Afghanistan avant la fin 2012 a été au centre de certains débats en marge de la réunion de l'OTAN. « Lors d'une discussion avec (le président) Obama, j'ai expliqué - a détaillé François Hollande lors d'une conférence de presse (dimanche) -, que cet « engagement pris devant les Français » n'était « pas négociable ». Cela ressort « de la souveraineté française. Et chacun l’a bien compris ». Et d'ajouter : « Le Secrétaire général de l'Otan (avec qui F. Hollande s'était entretenu juste avant), lui-même, a considéré que c'était notre choix et que ça ne remettait pas en cause l’opération elle-même, dès lors que certaines confirmations étaient apportées ».

Retrait des forces en Kapisa d'ici fin 2012

Voilà pour le principe. François Hollande a ensuite apporté quelques détails sur le dispositif de retrait. Celui-ci concernera « les troupes combattantes (*) (qui) seront retirées d'ici la fin de l’année. » Resteront cependant des troupes. Lesquelles, combien ? Par petites touches, François Hollande a précisé. Le retrait concernera (uniquement) les forces « combattantes situées en Kapisa ». « L’armée afghane se substituera à nos troupes en Kapisa dans les prochains mois et d’ici fin 2012 »

Après 2013, un calendrier à préciser

« En 2013 demeureront uniquement des formateurs pour les forces de police et les cadres de l'armée afghane. Cela se fera dans le cadre de l'opération elle-même de l'ISAF. » Puis il a précisé, répondant à une autre question : « Il y aura un retrait des autres unités dans un calendrier que je ne peux préciser. (Mais) rien ne doit être fait pour menacer la sécurité de nos personnels. (Et ensuite nous aurons du matériel à retirer. Et, çà, cela prendra du temps, au-delà de 2012. Cela suppose d'avoir du personnel pour en assurer la bonne exécution. » En fait, selon les informations qui circulent, devraient rester sur place différentes troupes : celles chargées de la formation et de la logistique notamment, accompagnées de forces de protection également, et sans doute également aussi l'hôpital à Kaboul. Soit plusieurs centaines d'hommes, presqu'un millier. Seule interrogation : les moyens aériens après 2012 et surtout après 2014.

Une mission anti-terroriste résiduelle ?

On sait que ces moyens ont été mis dans le passé à disposition de l'ISAF comme de certaines missions de repérage anti-terroristes (champ de l'ancienne mission Enduring Freedom). J'ai posé la question à François Hollande et le ministre de la Défense, Le Drian. Ceux-ci ont avoué ne « pas connaitre » ce sujet, ou plutôt, ils ont botté en touche... Des équipes anti-terroristes, aériennes ou non, pourraient ainsi demeurer, ou revenir en Afghanistan, après 2013. De façon assez floue, François Hollande l'a confirmé, indiquant : « J’ai fait en sorte qu’il y a des actions qui demeurent dans le cadre de l’IFAS ». Comme me l'a indiqué, un peu auparavant, un diplomate de l'OTAN, « Il y aura sans doute une autre mission en coalition, séparée de ISAF, pour mener des opérations anti-terroristes » succédant ainsi à Enduring Freedom.

Après 2014, la coopération avec les Afghans continuera

François Hollande a aussi affirmé que le traité signé par Nicolas Sarkozy avec l'Afghanistan sera respecté. « Ce traité prévoit une coopération qui va bien au-delà de 2014. Nous nous inscrirons parmi nos alliés dans le cadre des obligations que nous nous sommes données : la santé, la formation, l’éducation, le renforcement de l’administration afghane. Et ce sera dans cette perspective-là que nous travaillerons. »

(*) Le terme "forces combattantes" fait abondamment débat. Sur ce point, François Hollande n'a pas varié d'un iota. Il en faisait déjà mention lors de son discours "Défense" lors de la campagne électorale à Paris en mars. Certains médias viennent apparemment de découvrir le sens de l'adjectif...

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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