Les ambassadeurs de Syrie expulsés de plusieurs pays européens. Mais pas de tous (maj)
(BRUXELLES2) Une demi-douzaine de pays de l'Union européenne ont annoncé aujourd'hui l'expulsion de l'ambassadeur syrien après le massacre de Houla et le non-respect répété des résolutions de l'ONU par les autorités syriennes. Le Royaume-Uni d'abord — le ministre William Hague l'avait annoncé dimanche — et la France ont lancé le mouvement, suivis de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne, de la Bulgarie et de la Belgique. La Suisse s'est associée à ce mouvement, tandis que l'Australie, le Canada et les Etats-Unis annonçaient aussi une décision identique. Cependant les Européens ne sont pas tout à fait sur la même longueur d'onde.
Pas d'expulsion en Belgique
Le statut particulier de l'ambassadeur syrien en Belgique - accrédité auprès du pays et de l'Union européenne - empêche ainsi son expulsion immédiate du pays. Le ministre belge des Affaires étrangères l'a confirmé : « le départ de l’Ambassadeur du territoire belge ne sera effectif que si l’Union Européenne, auprès de laquelle il est également accrédité, adopte une mesure identique ». Actuellement, d'après les informations recueillies par B2, l'Union européenne n'envisage pas de déclarer l'ambassadeur syrien "persona non grata".
Discussion au COPS
Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, s'est interrogé sur twitter : "Pourquoi ceux qui ont fermé leurs ambassades en Syrie laissent les ambassades syriennes ouvertes dans leurs pays ? (...) Nous devons avoir une approche commune de l'Union européenne sur ces questions. Et voir comment nous pouvons être (plus efficaces) ». (*) Un expert du dossier estime qu'il est toujours plus facile pour les Etats ayant rompu les relations diplomatiques d'expulser l'ambassadeur syrien que pour ceux qui maintiennent leur ambassade sur place.
Malgré ces divisions, les 27 ambassadeurs ont défini, lors de cette réunion, une ligne de conduite commune insistant sur quatre éléments :
- les responsables du massacre doivent être tenus responsables de leurs actes ;
- accès pour les acteurs humanitaires et la commission d'enquête du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU ;
- étude de nouvelles sanctions et mise en œuvre de celles existantes ;
- mise à l'ordre du jour de la question syrienne de rencontres internationales, notamment lors du Sommet UE-Russie.
Intervention militaire or not ?
L'expulsion des ambassadeurs est la dernière étape diplomatique après le rappel des ambassadeurs de Syrie. Et les pays européens - comme la communauté internationale - semble de plus désarmée face à la détermination du régime Assad. L'option militaire revient ainsi d'actualité. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a ainsi confirmé publiquement la nécessité d'une "présence militaire". « Si la base semble manquer dans la communauté internationale, y compris dans le monde arabe, pour une intervention militaire, il doit être possible de penser à une présence militaire, comportant des zones de sécurité et une force de paix qui garantirait la sécurité des observateurs internationaux, protégerait l’apport d’aide humanitaire, et veillerait au respect du cessez-le-feu. » « Un consensus en ce sens, incluant la Russie et la Chine, devrait pouvoir être construit autour du plan Annan » a-t-il ajouté.
François Hollande, le président français, a été plus circonspect mardi soir sur la télévision nationale France2. Une intervention militaire en Syrie « n'est pas exclue à condition qu'elle se fasse dans le respect du droit international, c'est-à dire par une délibération du Conseil de sécurité (de ONU) » de l'Onu. Il espère convaincre « convaincre Russes et Chinois » de condamner le régime « et aussi de trouver une solution qui ne serait pas forcément militaire. (...) Car la pression elle doit se faire dès à présent pour chasser le régime de Bachar al-Assad. Nous devons trouver une autre solution ».
(*) Version originale : "Why have those that closed their embassies in Syria let Syrian ones in their countries remain open? We still have our eyes and ears there. And we have argued that EU should have a common approach on these issues. That's how we can be effective."
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(maj - mardi soir) avec propos de C. Bildt et F. Hollande