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La délégation de l’UE en Libye sans sécurité. G4S persona non grata en Libye

(BRUXELLES2, exclusif) La société G4S avait été sélectionnée par le service européen d'action extérieure pour protéger sa délégation en Libye et devait démarrer ses activités au 1er juin. Choix un peu hâtif si on se réfère aux dernières déclarations venant de Tripoli (Libye). Cette société n'a non seulement pas d'autorisation pour assurer de telles activités de sécurité dans le pays mais les autorités libyennes refusent sa venue. C'est désormais confirmé de façon tout à fait officielle. Le gouvernement provisoire (CNT) de Libye vient, en effet (le 23 mai), d'adresser une note verbale au Service européen d'action extérieure (SEAE), en ce sens. Le doute n'est donc plus permis. Et un nouvel appel d'offre devrait logiquement se produire.

Un drôle de contrat de sécurité !

L'attribution de ce contrat a déjà fait couler beaucoup d'encre. Ainsi que le mentionnait notre confrère EuObserver, un traitement préférentiel semble avoir été accordée à G4S. Il paraissait ainsi assez anormal que cette société ait été choisie alors qu'elle ne disposait pas d'autorisation pour exercer, alors que deux sociétés — la canadienne Guarda World et la franco-hongroise Argus — disposaient de cette autorisation. C'est d'ailleurs cette dernière société qui assurait jusqu'à présent, à titre provisoire, la sécurité des locaux. Bizarre...

Peut-on en conclure qu'il y a une sorte de favoritisme ainsi que le soutient Rue89, il est sans doute prématuré pour le dire. Mais une pareille légèreté parait difficile à expliquer ou, du moins, mériterait une explication publique. D'autant que G4S qui assure la sécurité des installations du service diplomatique à Bruxelles n'a pas prouvé jusqu'ici vraiment son efficacité (pour l'avoir vécu, observé et recueilli).

On peut aussi se poser la question de savoir si le système d'appel d'offres est vraiment adapté et apporte toutes les garanties nécessaires et l'efficacité pour des contrats de protection de délégations qui nécessitent à la fois un savoir-faire mais aussi une relation intuitue personae.

Quant au tropisme britannique de la Haute représentante, je ne peux croire que la nationalité de son passeport ait pu jouer, d'autant que normalement ce type de contrat est plutôt du domaine et du ressort du Directeur administratif (chief Operating Officer), D. O'Sullivan, un Irlandais auparavant secrétaire général de la Commission. Ce qui, en revanche, est troublant est la présence, à plusieurs points de la chaine de décision, de Britanniques, notamment Mike Croll qui assure la sécurité des délégations et a signé l'appel d'offres.

NB : Cette affaire éclate à un moment-clé pour plusieurs sociétés de sécurité, où plusieurs contrats pour la protection des installations européennes sont en jeu. Un hasard ! 🙂

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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