B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogAfrique Ouest - Sahel

Adopter une stratégie « sécurité/développement » pour le Sahel : une urgence…

les troupes du Niger lors du défilé du 14 juillet (Crédit : Dicod/Biasutto)

(BRUXELLES2) L'enlèvement et l'assassinat de deux jeunes Français au Niger a été fermement condamné au nom de l'UE par Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères. Un « acte odieux » a-t-elle expliqué, exprimant « ses condoléances et sa profonde sympathie » non seulement pour les « familles des victimes » mais aussi pour les « proches des agents de sécurité nigériens qui ont aussi trouvé la mort dans cet événement tragique ».

Dans la foulée, Cathy Ashton a « confirmé la ferme volonté de l'UE de poursuivre ses efforts pour aider le Niger et les autres pays de la région à lutter contre l’extrémisme et la violence » et indiqué « travailler à présent sur une stratégie globale pour répondre aux problèmes de sécurité et de développement et éliminer la menace du terrorisme » dans la région.

Les deux Français, dont l'un travaille pour l'ONG Aide médicale internationale avaient été enlevés vendredi soir dans un restaurant en plein Niamey. Après l'opération montée pour "récupérer" les otages, dans une coopération des forces spéciales françaises (assistés par un avion de surveillance Atlantique 2) et la garde nationale du Niger (*), on relève 2 morts français (les otages) et 2 blessés (des militaires), ainsi que 3 morts nigériens (des gardes) et 4 blessés graves (dont le chef de la garde nationale nigérienne). Plusieurs des preneurs d'otages ont été également été tués.

Il serait temps !

Les ministres des 27 de la défense (en septembre), puis des Affaires étrangères (en octobre) avaient successivement insisté sur la nécessité d'adopter une stratégie sécurité / développement. Une date butoir avait été fixée : début janvier.

Il est étonnant que ce sujet ne soit pas déjà sur la table du COPS (le comité politique et de sécurité), par exemple. Car ce n'est pas un phénomène nouveau. Déjà en octobre ... 2009, les ministres des 27 avaient convenu de la nécessité de : « agir de toute urgence afin de renforcer les capacités des Etats du Sahel » et « dans un premier temps » d'examiner « les possibilités d'action au Mali » (pays d'où provenaient une partie des ravisseurs des deux jeunes Français). Une mission exploratoire européenne avait d'ailleurs été en juillet 2009 dans ce pays. Il y a un an et demi !

    Il serait peut-être temps aujourd'hui que l'UE cesse sa réflexion et passe à l'action. Elle en a tous les moyens.

(*) La Garde nationale, créée en mai dernier, regroupe la garde républicaine et les unités sahariennes de sécurité, deux corps mis en place en 1997 après les accords de paix de 1995, pour incorporer les combattants de l'ex-rébellion.

Lire également :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®