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L’opération Atalanta prolongée jusqu’à 2014. Possible extension aux plages (Maj3)

(BRUXELLES2) Les ministres des Affaires étrangères devraient entériner, lundi (27 février), la prolongation de l'opération anti-piraterie Eunavfor Atalanta pour deux ans supplémentaires, jusqu'à décembre 2014. Cette décision a été discutée au dernier Comité politique et de sécurité, mardi (21 février). Et nul n'y a fait objection. C'est d'ailleurs le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, qui a, le premier, confirmé officiellement cette nouvelle lors de sa rencontre hier avec le premier ministre somalien Abdiweli Mohamed Ali. « Une opération qui a prouvé son succès pour combattre la piraterie» a-t-il ajouté devant la presse. NB : Un petit crochepied au passage aux règles institutionnelles qui illustre bien la faiblesse de la Haute représentante actuelle.

Télécharger le texte des conclusions

Extension sur les plages

En revanche, l'extension de la zone géographique de l'opération, vers la terre somalienne, notamment les plages pour viser les bases pirates, n'a pas encore pu être formellement approuvée. D'une part, elle se heurtait toujours aux réticences d'un pays, l'Allemagne. Berlin craint d'être entraîné dans des opérations qui ne sont pas prévues dans le mandat autorisé par le Bundestag - la consultation du Parlement est une obligation constitutionnelle en Allemagne pour toute mission extérieure - alors qu'il s'est engagé à mettre à disposition de l'opération européenne un ou deux navires en permanence. Cette difficulté pourrait, au besoin, être résolue par un 'caveat' formel de Berlin posé au commandant de l'opération.

Selon un diplomate ayant participé aux discussions et joint par B2, il « n'y aurait plus actuellement d'objection d'un Etat membre (Nb : Allemagne, Espagne). Un accord s'est fait sur ce point le 20 décembre ». D'autre part, cet engagement supplémentaire nécessite une autorisation du gouvernement somalien. Sur ce point, les discussions sont déjà engagées. Les 27 sont tombés d'accord « dès le 20 décembre ». Mais il a fallu « un peu de temps à la Haute représentante pour traduire cet accord dans les actes ». La Haute représentante, Catherine Ashton, a ainsi adressé, lundi (20 février), une lettre aux autorités somaliennes pour requérir cette autorisation qui doit - conformément à la résolution 1851- être transmise ensuite au secrétaire général de l'ONU. Une lettre dont B2 a pu prendre connaissance.

Camp de pirates au Puntland (crédit : Eunavfor)

 

Lettre adressée aux autorisées somaliennes

« En dépit de tous nos efforts, les pirates continue de se réjouir d'un certain sens d'impunité, avec une balance risques/avantages qui (peut) pencher en leur faveur » écrit la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères. « Il est évident que la piraterie continue de bénéficier de facilités avec une chaîne de dépôts logistiques établis le long des côtes somaliennes. Si ce phénomène continue, il aura de sévères conséquences pour la population et les économies de la région comme pour le trafic maritime international dans la Corne de l'Afrique et l'Océan indien ».

« Nous considérons qu'une action plus robuste pourrait inclure la destruction de l'attirail de piraterie trouvé dans les dépôts logistiques disposés sur le territoire côtier somalien ». Ces actions seront « concentrées sur des lieux isolés et fixés, reconnus comme directement responsables pour la piraterie ». L'Union européenne - précise-t-elle - « n'entreprendra de telles actions qu'en « usant de la force nécessaire et proportionnée, et selon des modalités qui respectent avec les règles des droits de l'homme et du droit international humanitaire » et à condition que « l'autorité de l'administration locale (ne soit pas) sapée » par cette action.

Ce faisant, la missive demande au gouvernement fédéral de transition de bien vouloir autoriser l'UE à « agir (...) dans la zone côtière et son espace aérien (...) dans le but de prévenir et réprimer les actes de piraterie ». NB : selon un expert consulté par B2, « il ne s'agirait en aucun cas d'envoyer des troupes à terre mais à partir de navires, de pouvoir atteindre les dépôts logistiques qui sont à terre » donc par tir, roquette ou missile. » Sur l'emploi de moyens aériens (type hélicoptères), notre interlocuteur reste plus évasif.

(Mis à jour : texte de la lettre - traduit - + détails sur la discussion des 27 - texte des conclusions sur la prolongation d'Atalanta)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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