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Le problème de l’Alliance, est européen et politique, dit le MinDéf britannique

Les Britanniques constituent la seconde force engagée dans l'opération de l'ISAF en Afghanistan, le ministre de la Défense P. Hammond en visite

(BRUXELLES2) La leçon de l'inflexion stratégique américaine a été immédiatement tirée par le ... ministre britannique de la Défense. Présent à Washington, le jour-même de la présentation par Barack Obama et Leon Panetta, Philip Hammond a tenu, le 5 janvier, dans un discours prononcé à l'Atlantic Council, à poser ses marques sur la réforme future de l'OTAN. Il explique aussi tout l'intérêt pour les Etats-Unis de garder un oeil sur l'Europe comme de continuer à investir dans l'Alliance Atlantique ; mais il engage aussi les Européens à faire, sans concession, leur examen de conscience, pour réformer le fonctionnement de l'OTAN. De quoi engager publiquement le débat pour le sommet de l'Alliance à Chicago.

Le Royaume-Uni, fille ainée de l'Alliance Atlantique

Le ministre a tout d'abord vigoureusement répété son attachement et sa croyance en l'avenir de l'Alliance atlantique. Son discours n'est pas pour rien intitulé "NATO the case for collective defence in 21st Century". La « défense collective est la seule réponse pratique dans le monde où nous vivons » - explique-t-il - au moment où se posent des contraintes économiques et fiscales. Le fait que d'autres régions du monde voient leur puissance et leur influence augmenter est plutôt une raison de « renforcer l'Alliance Nord Atlantique que de l'affaiblir ». Et l'exemple de la Libye l'a prouvé, l'OTAN reste « le seul mécanisme de coordination réaliste » quand une action multinationale est requise. Faisant appel aux mannes de l'amitié anglo-américaine (de la Magna carta signée il y a 800 ans à Runnymede à la participation de Churchill à la conférence d'Arcadia en 1942), il a répété que la déclaration de Truman en 1949 — sur la sécurité et le bien-être de chacun (qui) dépend de la sécurité et du bien-être de tous — était toujours d'actualité « aujourd'hui » encore. Les intérêts communs l'emportent sur les quelques divergences, a-t-il affirmé. Et de citer la présence de la Royal Navy dans le Golfe d'Arabie pour garder et de l'intérêt britannique à voir sauvegarder les voies maritimes. L'occasion aussi de durcir le ton à l'égard de l'Iran - « toute tentative de fermer le détroit d'Hormuz serait illégale et condamnée à l'échec ». Mais l'essentiel n'est sans doute pas là.

Le problème est européen et politique, non pas américain et militaire

Le ministre britannique a reconnu sans ambages : oui il y a un problème européen dans l'Alliance. « Nous devons reconnaître que ce problème existe dans l'objectif de le résoudre ». Et toute une série de questions, soulevées déjà par Robert Gates et Leon Panetta, sur le futur de l'Alliance sont pertinentes, selon lui : « pourquoi l'Alliance doit lutter pour déployer des capacités alors qu'existent une force importante numériquement ? Voyons nous le début d'une alliance à deux vitesses avec certains alliés moins volontaires que d'autres pour participer aux opérations ? Et...  une question à 64.000 $ "combien de temps l'opinion publique de nos nations va investir proportionnellement plus dans la capacité de défense pour subventionner la défense de ceux qui investissent moins ». « C'est le problème des Européens, pas des Américains. C'est un problème politique, pas militaire » a-t-il asséné.

Revoir les procédures de l'Alliance

Ce n'est pas une « question d'argent », mais de « priorités », et de faire tomber des barrières. Reprenant une idée déjà développée à Gand par un de ses prédécesseurs, il défend l'idée d'un examen collectif, au sein de l'OTAN, « des réductions déjà planifiées, de leur impact sur les capacités actuelles et de voir comment ces capacités peuvent être soutenues ». Il faut aussi examiner comment les Alliés peuvent agir mieux ensemble pour les opérations hors article 5. Il semble étrange - souligne-t-il - que les nations qui ne font pas partie de l'OTAN peuvent utiliser le quartier général du Shape pour conduire des opérations de l'UE - dans un processus appellé Berlin Plus - alors que les Alliés de l'OTAN ne peuvent entreprendre de telles opérations s'il n'y a pas de consensus à 28. Enfin, il faut voir comment les non-membres peuvent contribuer aux opérations de l'OTAN. « Nous devons capitaliser les expériences de la Liby et l'Afghanistan qui ont montré combien de façon intelligente l'OTAN peut être utilisée pour incorporer les contributions extérieures ». Il défend, enfin, les différentes initiatives multilatérales : le nouveau groupe nordique des Nations - qui inclut outre le Royaume-Uni, les pays baltes et nordiques, l'Allemagne, la Pologne et les Pays-Bas - ; le traité franco-britannique ; les autres partenariats (le Royaume-Uni a signé 3 traités de défense, 26 protocoles (MoU Memorandums of Understanding) (*)

Le débat pour le prochain sommet de Chicago est engagé.

(*) On remarquera l'ordre dans lequel Philip Hammond place les différents partenariats...

Lire également :

télécharger le discours dans : Docs de B2

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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