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Le rôle de l’OTAN dans l’attaque du convoi de Kadhafi

(BRUXELLES2) L'Alliance a dans son bulletin quotidien confirmé de façon détaillée avoir attaqué un convoi de nombreux véhicules, lourdement armé, mais dénié qu'elle savait que Kadhafi se trouvait à bord à ce moment là.

Une première frappe disperse le convoi

Jeudi, à environ 8h30 heure locale, un avion de l'OTAN a frappé « 11 véhicules militaires armés qui faisaient partie d'un groupe plus important d'environ 75 véhicules dans les environs de Syrte » précise ainsi l'Alliance dans son communiqué quotidien de ce jour. « Ces véhicules étaient en train de quitter Syrte à grande vitesse et ont tenté de forcer leur chemin autour de la périphérie de la ville. Les véhicules avaient, à bord, une quantité importante d'armes et de munitions ; ce qui pose une menace importante pour la population civile locale. » Les avions de l'OTAN sont alors intervenus et ont visé un premier véhicule, le premier de la colonne a été détruit. Ce qui est inévitable a suivi. Cela « a perturbé le convoi et a entraîné la dispersion des autres véhicules qui ont changé de direction ». Après cette première frappe, un groupe « d'environ 20 véhicules a continué à grande vitesse à avancer vers le sud, à l'ouest de Syrte, continuant à représenter une menace significative ».

Une deuxième frappe l'immobilise

L'OTAN a alors procédé à une seconde frappe permettant de détruire ou endommager une dizaine de véhicules pro-Kadhafi (ce que l'évaluation menée par l'Otan a révélé plus tard). « Au moment de l'intervention, l'OTAN ne savait pas que Kadhafi était dans le convoi » précise-t-on au siège de l'Alliance. Et « l'intervention de l'OTAN a été menée uniquement pour réduire la menace envers la population civile, comme l'exige le mandat de l'ONU. De façon générale, l'OTAN ne cible pas les individus. »

Aux combattants du CNT de prendre le relais

L'OTAN s'est refusé à indiquer la nationalité des avions ayant mené le raid. Mais c'est un secret de polichinelle. Un avion Français comme l'a confirmé hier le ministre de la Défense, Gérard Longuet. La suite de l'histoire, c'est Gérard Longuet qui la raconte. Le convoi du dictateur, « de plusieurs dizaines de véhicules (...) a été stoppé dans sa progression alors qu'il cherchait à fuir Syrte mais n'a pas été détruit par l'intervention française ». Des combattants du CNT sont alors intervenus et ont « sorti le colonel Kadhafi » de sa voiture.

Bien que l'OTAN se dédouane d'avoir su que Kadhafi était dans le convoi, on peut douter de cette "innocence". Kadhafi et son clan étaient sinon une cible, du moins un objectif recherché par les forces du CNT et les forces internationales car ayant commis des crimes sur les civils et constituant une menace permanente contre eux. Un convoi de véhicules aussi lourdement armés fuyant Syrte ne pouvait appartenir à quelques civils "ordinaires". Les sources qui ont dirigé les avions de l'OTAN vers la cible - qu'elles soient du CNT ou des Etats de la coalition sur place - le savaient pertinemment.

D'ailleurs la coordination OTAN - CNT - même si elle n'est pas officielle et passe par le biais des forces nationales des Etats membres de l'opération et non du commandement de l'OTAN - est aujourd'hui bien réelle. Elle a en effet été sensiblement améliorée depuis les "petits" cafouillages du début de l'opération. Et cette coopération a été effective et utile à plus d'une reprise, notamment pour le guidage des bombardements ou des assauts lors de la libération des villes.

En finir avec le régime Kadhafi était une nécessité pour les Libyens mais aussi pour la coalition qui ne souhaitait pas voir ce conflit traîner en longueur à la fois pour des raisons budgétaires, politiques et internationales. La "normalisation libyenne" est plus qu'aujourd'hui nécessaire à la stabilisation de toute la zone entre Maghreb, Afrique et Moyen Orient.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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