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Demi-tour gauche sur la taxe Tobin

(article paru dans Ouest-France, le 29 septembre 2011)
Face à la crise, la Commission annonce un ensemble de propositions destinés à réglementer les marchés financiers, à créer une taxe Tobin et annonce des Euro-obligations.

C’est un José-Manuel Barroso pugnace qui a fait irruption, hier, au Parlement européen. L’ancien Premier ministre portugais qui dirige depuis 7 ans l’exécutif européen, sans fard et sans lustre, a voulu, cette fois, frapper fort à Strasbourg devant les eurodéputés réunis en session plénière.

• L’Europe a un avenir

« Oui la situation est grave. Mais il y a des solutions à cette crise » a expliqué, d’entrée de jeu, le président de la Commission européenne récusant tout défaitisme. « L’Europe a un avenir » Sans les nommer, José-Manuel Barroso a attaqué bille en tête les dirigeants européens. « Je crois qu'on peut dire que la crise de la dette souveraine est aujourd'hui avant tout une crise de confiance politique. » Il a mis à bas le projet franco-allemand d’une gouvernance de l’Euro par les Etats membres seuls. « Ne nous leurrons pas une nouvelle fois en pensant que nous pouvons partager une monnaie commune et un marché unique dans un cadre intergouvernemental. » Une pierre dans le jardin de Merkel et Sarkozy !

• Une taxe Tobin

La Commission européenne a aussi mis sur la table une proposition de taxe sur les transactions financières qui pourrait « rapporter plus de 55 milliards d’euros par an ». Un véritable demi-tour gauche. Il y a trois ans à peine, l’entourage du président Barroso était sceptique sur cette taxe Tobin. Un projet « peu réaliste », qui « nuirait à la compétitivité européenne et coûterait plus cher qu’il ne rapporterait ». Les temps changent…

Une politique de grands projets pour la Grèce

La Commission européenne a décidé de prêter main forte à la Grèce. Une task force de 30 personnes a été constituée chargée de sélectionner et financier les grands projets proposés par l’État et les collectivités locales grecques. Le financement sera assuré quasi-totalement par le budget européen. Les Grecs ne devront cofinancer les projets qu’à hauteur de 5%. Et encore a posteriori • Les marchés financiers sous surveillance
D’ici la fin de l’année, la Commission va présenter un paquet législatif pour réglementer plus strictement les agences de notation, la responsabilité personnelle des opérateurs financiers, la vente à découvert à nu, les parachutes des financiers. Il était temps…

• A terme, des Euro-obligations
La Commission annonce aussi vouloir créer un système d’Euro-obligations, mais à moyen terme, quand la zone Euro aura émergé de la crise, qui permettront de partager les dettes à l’échelle européenne. Des « options » seront mises sur la table dans les « semaines à venir ». Cela ne fera pas plaisir à Berlin !

• Le six pack adopté.

Le Parlement européen a aussi adopté le « Six Pack », un ensemble de mesures qui permet à la Commission européenne de renforcer la surveillance des budgets nationaux en pouvant exiger de revoir certaines mesures, à peine d’amendes. La Commission aura ainsi le pouvoir de punir un Etat qui s'éloigne des critères de déficit (3% du PIB) et de dette publique (60% du PIB) en réclamant le dépôt d'une garantie pouvant s’élever à 0,2% de son PIB. Cette somme mise en dépôt pourra se transformer en amende en cas de récidive.

Nicolas Gros-Verheyde

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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