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En Libye, une seconde mission pour l’OTAN ? Fortes réserve(s)

(crédit : ministère français de la Défense / DICOD)

(BRUXELLES2) L'OTAN se prépare activement à l'après-Kadhafi. Et elle souhaiterait prolonger  son succès dans l'opération Unified Protector en développant une mission de soutien. Il n'est pas question (et de toute façon pas possible politiquement) que l'OTAN prenne la direction. « Ce sera aux Nations-Unies que revient le rôle du leadership » a précisé Oana Lungescu, la porte-parole de l'organisation. Et il faudra donc une nouvelle résolution de l'ONU pour une nouvelle mission. Mais les ambassadeurs des 28 ne sont pas tous d'accord sur la même longueur d'onde sur la nature de cette mission. Ainsi trois conditions ont été posées pour ce faire : « un besoin démontrable, une base légale, et un large soutien régional ».

Ni l'OTAN, ni l'UE...

Un expert européen de haut rang s'est cependant montré pour le moins réservé sur une telle proposition, comme de toute force internationale même si elle a pour objectif le maintien de la paix. « Quand on voit l’impact de la présence étrangère en Irak et en Afghanistan - même quand elles font un bon travail - on peut se poser des questions. Il faut faire attention. Une présence sur le sol de l'OTAN, ce n'est absolument pas possible. (...) Le déploiement d'une force européenne non plus n'est pas souhaitable. »

Plutôt une force d'observateurs que militaire

Point de vue légèrement différent coté français mais pour aboutir au même résultat coté OTAN ou UE. Dans le FAZ, quotidien allemand, auquel Alain Juppé a donné récemment une longue interview, A la question de savoir si la Libye a besoin d'une force de paix, de stabilisation, le ministre français des Affaires étrangères a acquiecé : « Certainement car cela va être difficile, le Conseil de transition est un organisme jeune et mal organisé avec des tensions internes. Ils vont avoir besoin de l’aide internationale d’abord financière. » Mais cette force ne sera dans l'esprit du ministre « pas une force militaire, mais une force d’observateurs. On distingue toujours le « peace building » du « peace keeping ». C’est une force de reconstruction et non d’intervention militaire. » Et il ne voit pas là l'Union européenne ni de l'OTAN. A la question de savoir si l’Union européenne a-t-elle un rôle à jouer dans le domaine ?, il répond : « Nous sommes membres de l’ONU. C’est plus, de notre point de vue, le rôle des Nations unies que celui de l’OTAN. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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