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La défense, priorité très discrète de la présidence polonaise de l’UE (Maj)

Bogdan Klich, le ministre polonais de la Défense et ses homologues de Visegrad, le 12 mai dernier (Crédit : ministère polonais de la Défense)

(BRUXELLES2) Le maître mot de la Pologne qui va prendre la présidence de l'UE, le 1er juillet, est l'intégration européenne. Elle a ainsi défini trois grandes priorités : "l'intégration européenne comme source de croissance", "une Europe plus sûre", et "une Europe bénéficiant de l'ouverture". Ce regroupement reste assez "littéraire", pour ne pas dire artificiel. Ainsi le chapitre "l'Europe plus sûre" regroupe à la fois une meilleure gouvernance économique (avec la réforme des marchés financiers), la politique agricole commune, la sécurité énergétique et... la défense. Cette dernière thématique est d'ailleurs réduite à une portion congrue dans ce programme général.

Discrétion obligatoire...

Quelques phrases pour mentionner que la Pologne compte agir pour « renforcer les capacités militaires et civiles de l'UE » et « consolider un dialogue direct entre l'UE et l'OTAN ». Cette discrétion ne doit pas cependant leurrer. Elle tient, d'une part, à la présence sur l'agenda de la présidence polonaise de sujets sans doute plus cruciaux pour le pays, comme la bataille pour le budget européen, pour la préservation de la politique agricole commune ou la sécurité énergétique. D'autre part, il ne faut pas oublier l'impact de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne qui enlève à la présidence tournante tout poids sur la politique étrangère et de défense. D'où cette relative discrétion.

... ne signifie pas manque d'ambition

Cela n'empêche le ministre de la Défense polonais, d'effectuer une tournée de ses homologues. Il a reçu le Français, G. Longuet, lors d'une longue visite à Varsovie à la mi-mai, ainsi que le président du comité militaire de l'UE, peu avant, et s'est déplacé en Suède comme en Bulgarie en avril, pour y rencontrer ses homologues.. La réunion entre ministres de la défense de Visegrad (tchèque, slovaque, hongrois), le 12 mai, a aussi permis de conclure à un accord de mise en place d'un battlegroup des quatre pays concernés pour 2016 (avec la Pologne comme nation-cadre).

Quatre priorités définies pour la politique de défense

Quatre priorités ont ainsi été définies au ministère polonais de la Défense : renforcer la coopération entre l'OTAN et l'UE, rendre plus efficace l'utilisation des battlegroups de l'Union européenne, améliorer la coordination dans l'utilisation des capacités civiles et militaires et développer la coopération avec les pays tiers, selon ce qu'en a expliqué le ministre de la Défense, Bogdan Klich, à de multiples reprises. A cela s'ajoutent les deux "non paper" qu'a signé la Pologne récemment, dans le cadre du triangle de Weimar avec les Français et Allemands, qui promeut notamment l'idée d'un QG autonome pour les opérations européennes de maintien de la paix, ainsi qu'avec les Belges et Hongrois, sur la coopération structurée permanente et les avancées du traité de Lisbonne (clause de solidarité, fonds de lancement...).

Pas d'illusion

La présidence polonaise ne se fait pas d'illusion. Elle n'attend que des avancées assez modestes, en retrait par rapport à sa volonté affichée il y a un an. La raison ? Comme l'a expliqué un haut responsable polonais à B2, « on sent un net manque de volonté politique des principaux partenaires : le Royaume-Uni et la France, qui ont choisi de coopérer ensemble, ou de l'Allemagne. » Et de concéder : « Nous ne pouvons pas aller de l'avant tout seuls ».

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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