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En route pour le Moyen-Orient

(BRUXELLES2) Jordanie, Egypte, Israël et Palestine, Catherine Ashton a décidé de reprendre son bâton de pélerin pour faire une tournée de quatre jours au Moyen-Orient. Une contrée qu'elle a déjà visité à plusieurs reprises depuis son arrivée mais qui prend une nouvelle tournure aujourd'hui, notamment avec le changement de régime en Egypte, la réouverture timide de Rafah, l'accord Hamas-Fatah, l'échéance fatidique de septembre et la déclaration de l'Etat palestinien sans oublier les "révoltes arabes", le conflit libyen et l'écrasement sanglant des opposants en Syrie.

Processus de paix et Libye au menu

La Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères aura des réunions « de haut niveau » avec les chefs de gouvernement et les partenaires internationaux, y compris l'Organisation des Nations Unies, la Ligue arabe, l'Union africaine et l'Organisation de la Conférence islamique, a ainsi annoncé son porte-parole. « Je veux encourager les dirigeants israéliens et palestiniens à saisir l'occasion et s'engager dans des négociations — a déclaré - avant son départ - Catherine Ashton. « Avec les événements importants en cours en Afrique du Nord et le discours du président Obama le mois dernier, il est plus urgent que jamais que nous lancions le coup d'envoi du Processus de paix au Moyen-Orient. J'ai proposé une réunion du Quartet pour aider à relancer les négociations et suis à la recherche des signes positifs de tous les côtés. »

4 jours, 4 pays

Jeudi, Catherine Ashton sera en Jordanie pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Nasser Judehin Amman. Vendredi, ce sera en Israël et les territoires palestiniens, avec le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et le chef de l'opposition Tzipi Livni, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, et le président palestinien Mahmoud Abbas. Samedi, au Caire, au siège de la Ligue arabe, où le secrétaire général Amr Moussa accueille une réunion du Groupe du Caire, elle discutera "Libye" avec le secrétaire général Ban Ki-Moon (par vidéoconférence), Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine, et les responsables de l'Organisation de la Conférence islamique. Dimanche, enfin, retour en Israël pour s'entretenir avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, avant de s'envoler pour le Luxembourg où se tient la réunion des ministres européens des Affaires étrangères qui aura lieu lundi.

C'est désormais une habitude et une tactique très "comm'". Avant chaque conseil des Affaires étrangères, la Haute représentante enfourche son bâton de pélerin (en général un avion taxi) qui l'amène dans une contrée à haut rendement médiatique, lui permettant de faire un peu d'effet et d'exister parmi des ministres qui en ont vu d'autres. Mais cela ne pourra pas cacher certaines défaillances de la Haute représentante dans la gestion des dossiers. Tout d'abord, avoir tout misé sur le Quartet et Tony Blair, comme représentant de l'UE, ce qui n'est pas tout à fait le cas. Ensuite avoir prêté une oreille trop attentive aux briefings britanniques sur la région (sans doute excellents mais qui ne représentent pas la voix de tous les pays de l'UE : l'Allemagne, l'Espagne ou la France n'étant pas automatiquement sur la même longueur d'onde). Enfin, avoir considéré comme superflue la présence d'un représentant spécial de l'UE dans la région ; depuis le départ de Marc Otte, le poste est resté vacant. Aujourd'hui l'échéance de septembre - et de la possible déclaration de l'Etat palestinien se rapproche - et l'Union européenne ne pourra pas faire l'économie d'un débat interne pour rapprocher ses positions. Ce sujet, en lui-même, mériterait une réunion spéciale de tous les ministres.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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