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La France critique à mi-mot le pied sur le frein de l’OTAN

(BRUXELLES2) Face aux déclarations de l'opposition libyenne accusant l'OTAN de laisser tomber Misrata, Alain Juppé a assuré, ce matin, sur France-info, avoir « bien entendu l'appel ». La ville de « Misrata est dans une situation qui ne peut plus durer. Je vais d’ailleurs m’en entretenir dans quelques heures avec le secrétaire général de l’OTAN.  »

Cet entretien doit être écouté avec attention, avec ce que le Ministre dit, ce qu'il ne dit pas, et les distinguo qu'il donne : sur l'action de l'OTAN aujourd'hui, plus difficile qu'hier, sur le soutien au CNT, sur les livraisons d'armes aux rebelles et la discussion politique. NB : le ministre a aussi longuement commenté l'action en Côte d'Ivoire. (1)

La seconde génération de frappes plus difficile que la première

Le ministre a aussi reconnu toute la difficulté de ce qu'on peut appeler, la seconde génération de frappes car la situation a changé. « L’essentiel des avions, des hélicoptères et des blindés de Kadhafi ont été détruits. Aujourd’hui, il agit avec des pick-ups sur lesquels il y a quelques troupes armées de kalachnikovs et de mitrailleuses : c’est beaucoup plus difficile à localiser (...) Sur le terrain, la situation militaire est confuse et indécise, et le risque d’enlisement existe. » (...) « Nous avons demandé formellement qu’il n’y ait pas de dommages collatéraux sur les populations civiles. Cela rend l'intervention plus difficile. Car les troupes de Kadhafi ont bien compris les choses et ont tendance à se rapprocher des populations civiles. »

Soutien au CNT mais pas d'action de reconquête (directe)

Mais le ministre des Affaires étrangères a rappelé les limites du mandat confié par l'ONU « Nous soutenons tout l'effort du CNT. Mais il faut aussi qu'il s'organise. Finalement sur le terrain tout dépendra d'eux. Nous sommes là pour protéger les populations civiles et pas pour partir à la reconquête du territoire. »

Pas de livraisons d'armes mais...

De la même façon, sur l'embargo des armes le Ministre a assuré « ne pas être entré dans un processus de livraison d'armes ». Mais il a aussi fait un distinguo utile assurant que « l'embargo des armes vise la Jamahiriya libyenne, c'est-à-dire les troupes de Kadhafi ». Autrement dit, l'embargo ne vise pas... l'opposition

La phase politique doit venir maintenant

Il faut « passer à une autre phase, la phase politique. (...) Pousser la solution politique, c’est-à-dire des discussions entre le Conseil national de transition et ceux qui, à Tripoli, ont bien compris qu’il n’y avait pas d’avenir pour Kadhafi », conclut le ministre des Affaires étrangères. » Ce sera notamment l'objectif de la réunion de Doha, du groupe de contact la semaine prochaine, a précisé le Ministre.

(1) Ecoutez (et regardez) la vidéo de l'enregistrement :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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