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EUFOR Libya se planifie à un rythme d’escargot

(BRUXELLES2) L'opération EUFOR Libya continue d'être planifiée. Ainsi le concept d'opération (Conops) a été adopté jeudi soir (par la biais d'une procédure écrite). Et le commandant d'opération, le rear-admiral Claudio Gaudiosi, était ce matin devant les ambassadeurs du Cops - le Comité politique et de sécurité - pour présenter les principales pistes de travail (*). Le plan d'opération (OpPlan) devrait être finalisé la semaine prochaine. Et plusieurs pays (Allemagne, Finlande, Italie, France...) ont été approchés pour apporter une contribution en hommes et/ou matériels.

Mais tout ceci se fait très, très lentement. Trop lentement par rapport au déroulement des évènements. Ainsi la prochaine réunion du COPS est fixée... au 3 mai. Autant dire un siècle... En attendant les populations souffrent. Et chaque jour qui passe rend de moins en moins indispensable la contribution européenne. Les principaux besoins sont désormais couverts en Egypte et en Tunisie. Et, à Misrata, un pont maritime s'est mis en place, assuré par l'Organisation internationale des migrations (OIM), le CICR, Médecins sans frontières et d'autres ONG... sans l'aide des Européens.

C'est la première fois depuis l'ex-Yougoslavie qu'une mission de l'Europe de la défense aura été mise sur pied sans pouvoir être déployée sur le terrain. Ce n'est pas une bonne chose. On pourra discuter de savoir si cette mission était vraiment adéquate et si l'Europe n'aurait pas pu activer d'autres mécanismes. Mais un échec renforcera les Etats qui estiment qu'il vaut mieux faire sans l'Europe que faire avec (à l'image des Turcs ou des Britanniques mais aussi des Français ou des Allemands). Demain ce n'est pas seulement l'Europe qui en paiera les pots cassés mais ses Etats membres. Car, malgré les apparences, les Etats européens ne font pas(plus) le poids en Méditerranée.

(*) The Guardian s'est fait l'écho sur la foi d'informations, puisées au cabinet de la Haute représentante, d'une possibilité de débarquement d'une force militaire de 1000 hommes à terre. En fait, il faut préciser que cette possibilité ne figure que parmi plusieurs autres options. Pour mettre en place un pont aérien ou maritime, il n'est pas en effet nécessaire d'avoir beaucoup d'hommes à terre, tout au plus quelques uns suffisent (comme l'ont fait les Turcs lorsqu'ils sont venus à Misrata). D'autres options prévoient effectivement un déploiement important de personnel mais hors de Libye dans les pays voisins. Le Concept d'opération d'Eufor Libya prévoit en effet plusieurs options. On n'aurait pas voulu rendre impossible une telle mission qu'on ne s'y serait pas mieux pris en laissant filer cette information et pas les autres...

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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