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Eufor Libya : L’UE attend le feu vert de l’OCHA

Un soldat autrichien protégeant un poste de soins au Tchad (Crédit : Bundesheer, 2008)

(BRUXELLES2) Les contours de l'opération de soutien humanitaire (EUFOR Libya) commencent à se dessiner. Si différents points restent encore à ajuster dans le plan d'opération et les règles d'engagement (*), la grande inconnue reste l'accord de l'OCHA.

Les hypothèses d'intervention d'Eufor Libya

Dans le plan d'opération, plusieurs hypothèses d'intervention sont envisagées. Les Européens pourraient intervenir aux frontières de la Libye, en Tunisie, pour aider le HCR et l'OIM à rapatrier les nombreux déplacés qui commencent à rester dans les camps. La situation n'est pas encore critique mais commence à inquiéter. Ils pourraient aussi intervenir à Benghazi pour fournir de l'aide humanitaire et alimentaire à la capitale des insurgés. Une "fact finding mission" est actuellement sur place pour évaluer les besoins et prendre les contacts politiques à tous les niveaux pour faciliter cette aide. Mais le plus urgent reste la ville de Misrata. « Les blessés essuient des tirs nourris ; les ressources en eau, nourriture, en médicaments manquent... » explique un responsable européen.

L'UE prêt à aller à Misrata

Misrata, « c'est une préoccupation générale, pour Valerie Amos (chef de l'OCHA), aux Nations-Unies chez le secrétaire général de l'ONU comme pour l'envoyé spécial, à Benghazi. Tout le monde nous dit qu'il y a un problème. Et le sentiment qui prévaut est qu'il faut faire quelque chose » précise-t-il. « S'il y a une demande nous sommes prêts à y répondre rapidement » affirme-t-on de source européenne. Le seul problème est l'absence de demande de l'OCHA pour des raisons déjà évoquées sur ce blog. Pour contourner cet obstacle, la Haute représentante a donc adressé une lettre à Ban Ki Moon réitérant la disponibilité de l'Union européenne à apporter de l'aide pour Misrata.

« Pour Misrata, (...) le sentiment qui prévaut
est qu'il faut faire quelque chose »

Vaincre les réticences de OCHA

A Bruxelles, on connait bien les réticences de l'OCHA. « Mais pour amener de l'aide à Misrata, on n'a pas vraiment beaucoup d'alternative - commente un diplomate - il faudra bien des moyens pour protéger les convois, des moyens militaires. » Il ne s'agit pas tellement d'avoir des moyens (militaires) que l'origine de ces moyens, selon lui. « Valerie Amos me semble surtout très soucieuse de faire appel à des moyens d'Etats dont la neutralité ne pourrait pas remettre en cause l'action humanitaire ». Autrement dit seuls les moyens d'Etats non engagés dans l'opération militaire pourraient être engagés.

Ce qui pose un problème pour les Européens. Les moyens italiens notamment engagés dans l'opération de l'OTAN qui devraient changer de drapeau. Une question en discussion actuellement. Quant à une opération de l'OTAN, elle semble encore plus difficile dans ces conditions, sauf si un de ses Etats membres mène une opération sous drapeau national, comme l'ont déjà fait les Turcs.

NB : L'Allemagne officiellement, la Finlande plus discrètement, ainsi que l'Italie ont fait part de leur disponibilité pour participer à cette opération ; la France pourrait y participer également.

(*) Le lancement de l'opération nécessite l'approbation par les 27 (26) des règles d'engagement et du Plan d'opération (OpPlan), la réussite de la génération de forces et finalement une décision de lancement approuvée par les 26 (27 - Danemark) à l'unanimité. Ce qui ne pose "pas de problème particulier" selon le diplomate consulté.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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