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Sainte Licorne, priez pour nous (Maj)

patrouille Licorne / Onuci (crédit : DICOD / Ministère français de la Défense)

(BRUXELLES2) "La situation est préoccupante. Et est très confuse sur place". Voici en quelques mots le constat fait par un haut responsable du service diplomatique européen chargé, sous le sceau du sacro-saint anonymat, de briefer rapidement les journalistes sur la situation en Côte d'Ivoire. Ce diplomate reste assez disert cependant sur les recommandations ou mesures prises pour favoriser l'évacuation des Européens sur place. L'UE laisse, en fait, à chaque Etat membre le soin de gérer les consignes laissées aux concitoyens comme les moyens à mettre en place. "C'est une prérogative nationale" rappelle le diplomate, qui  préfère ainsi ne pas donner d'indication sur une éventuelle évacuation générale, "pour le moment".

Prudence sur les ... regroupements

La prudence reste de mise cependant. "Chaque Européen doit rester chez soi et éviter les rues et autres endroits qui ne sont pas sécurisés" ou la sortie du pays pour "ceux qui peuvent prendre des avions civils ou spéciaux", rappelle ce diplomate qui a été en poste dans la région. Paradoxalement, il ne rejoint pas l'ordre de regroupement donné aux Français, estimant que cela pourrait être dangereux. NB : Est-ce un distinguo par rapport aux ordres donnés par les Français ou simplement un 'petit décalage" par rapport aux dernières informations ? Je pencherai (personnellement) pour la seconde hypothèse.

NB : Au camp militaire français de Port Bouët à Abidjan, sont accueillis actuellement 1850 ressortissants, selon l'Etat-Major des armées. La moitié sont des Français (il y a environ 12.000 nationaux à Abidjan), le reste des Européens, des Libanais et des Américains.

Licorne, sauve-nous !

Clairement, en fait, il semble que les Européens se déchargent sur l'ONUCI, chargée de protéger les civils (mais sans illusion sur leur pouvoir réel) et surtout sur les Français de la force Licorne - "chargée spécifiquement de protéger les ressortissants" - pour faire le travail de protection, de regroupement, voire d'évacuation. Aucun agent du SitCen n'a ainsi été déployé sur le terrain, confirme ce diplomate européen. Et selon les informations recueillies, par ailleurs, l'essentiel des informations transitent par le réseau CoOl (Consular on Line). Le déclenchement de la MIC (cellule de coordination de la Protection civile) n'est pas, pour l'instant, d'actualité.

Quant au déploiement d'un battlegroup européen en renfort des Français, c'est hors de question. Rien que d'évoquer cette idée, mon interlocuteur rigole à gorge déployée... Et c'est tout. La réalité est crue. Les Suédo-Finlandais et Germano-Autrichiens - de permanence ce semestre - peuvent continuer à faire "joujou" dans leurs montagnes ou dans leurs campagnes pour s'entraîner et faire semblant qu'ils serviront un jour. Ils ne partiront pas, voire jamais, sauf s'ils forcent la Haute représentante. Celle-ci ne croit pas aux vertus de cet instrument.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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