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L’opération “Civilian protection” a démarré. Avions français dans le ciel libyen (Maj)

(B2) Les opérations en Libye ont commencé, à la fois, contre des objectifs terrestres et aériens. Le président français, Nicolas Sarkozy, l'a confirmé, samedi à 15h30 à l'issue du sommet de Paris sur le "soutien au peuple libyen", sommet exceptionnel qui réunissait les pays de l'Union européenne (Espagne, Allemagne, Pologne), de la Ligue arabe, les alliés de l'OTAN (Etats-Unis, Norvège...) et Ban Ki Moon le secrétaire général de l'ONU

Rafale et Mirage 2000D (crédit : SIRPA Air - Archives B2)

Avions français en opération au-dessus de la Libye

"D'ores et déjà, des avions français" (une vingtaine de Rafale et de Mirage selon l'état-major des armées) sont au-dessus de la Libye pour empêcher à la fois des "attaques aériennes" du régime libyen de Kadhafi. D'autres sont "prêts à intervenir contre des blindés qui s'en prendraient à des civils désarmés" a précisé le président français lors d'une courte déclaration sur le perron de l'Elysée. Tous les participants à la réunion ont approuvé la "déclaration (l'ultimatum) des Français, Britanniques et Américains faite (hier) au Colonel Kadhafi". Tous ont "convenu de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaires, pour faire respecter les décisions du conseil de sécurité des Nations-Unies", a-t-il ajouté. "La porte de la diplomatie se rouvrira quand les agressions cesseront".

(mis à jour 20h) NB : les avions français ont fait un premier tir à 17h45 contre une cible terrestre - blindés du régime de Kadhafi - dans la région de Benghazi, suivi de plusieurs autres, selon les responsables militaires français. 

La réunion de Paris fixe 4 principes que doit respecter Kadhafi et un objectif : la démocratie

"Même si nos contributions seront différenciées, nous sommes déterminés à agir collectivement et résolument pour donner plein effet à ces décisions." La déclaration adoptée par les participants reconnait les différences d'engagement.

Elle réitère surtout une ligne commune fondés sur 4 principes : arrêt de la violence, retrait des zones occupée, retour dans les casernes de l'armée, accès humanitaire. Ainsi "Mouammar Kadhafi et ceux qui exécutent ses ordres doivent mettre fin immédiatement aux actions violentes menées contre la population civile, à se retirer des zones où ils sont entrés par la force, à retourner dans leurs casernes et à permettre l’accès de l’assistance humanitaire."

L'objectif fixé par les représentants est clairement la mise en place de la démocratie. "Nous assurons le peuple libyen de notre détermination à être à ses côtés pour l’aider à réaliser ses aspirations et à bâtir son avenir et ses institutions dans un cadre démocratique."

Télécharger le texte de la déclaration finale du Sommet

Regarder la vidéo de la déclaration de N. Sarkozy

Télécharger la déclaration de Herman Van Rompuy et de Cathy Ashton


Quelques leçons rapides

1) La politique visée est aujourd'hui clairement celui de la démocratie et de l'autodétermination face à une dictature. La coalition se range dans le camp du "peuple", pour lui permettre de "choisir son destin".

2) Coté militaire, l'opération est menée en "coalition de bonne volonté" sous mandat de l'ONU, et non d'une opération de l'OTAN, même si les moyens des pays de l'OTAN seront mis à contribution.

3) Coté politique, le président français Sarkozy a incontestablement pris le lead politique, la tête, de la coalition internationale contre la Libye. Il marque ainsi de son empreinte la présidence du G8. Coté européen, les structures issues du traité de Lisbonne (président du Conseil européen, Haut représentant) sont considérés comme des exécutants et non des initiateurs. De manière humouristique, on pourrait dire qu'on a là une "shadow" présidence hongroise (référence à l'origine magyare de Nicolas Sarkozy). Il trace pour lui un destin historique, quelle soit le résultat aux élections de 2012.

4) Coté industriel, l'engagement en première ligne des avions français Rafale n'est sans doute pas tout à fait anodin ; le gouvernement a fait beaucoup d'efforts dernièrement pour promouvoir l'avion de Dassault à l'étranger, sans succès. La campagne libyenne est une occasion inespérée de prouver aux yeux de tous la supériorité (ou non...) de l'avion tricolore.


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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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