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Sommet “Libye”. Une double action humanitaire et sécuritaire. Options militaires « à l’étude »

(BRUXELLES2 / Sommet européen) Les 27 Chefs d'Etat et de gouvernement ont finalement accouché d'une déclaration plus forte que les premiers drafts (projets) lors de leur sommet exceptionnel consacré à la crise libyenne, avec étude de toutes les options militaires à la clé, mise en place de zones "humanitaires" pour accueillir les réfugiés et personnes déplacées en Tunisie, Egypte voire Libye, et programme de surveillance de la migration illégale avec renforcement des capacités de Frontex et de l'opération Hermès 2011 qui se déroule au large des côtes italiennes, maltaises et libyennes.

Toutes les options militaires sont à l'étude

Face à la répression, aux victimes civiles, à l'usage de l'aviation contre les civils, les 27 ont décidé (malgré les réticences de plusieurs pays : Allemagne, Autriche, Pologne...) d'examiner toutes les options nécessaires (sous entendu militaires). Ceci est suspendu à trois conditions : 1° un besoin démontrable, 2° une claire base juridique (Nb : une résolution des Nations-Unies) ; 3° un soutien régional (Nb : la Ligue arabe). Des conditions fortes et consensuelles désormais. Pour tenter d'arriver à un accord sur la troisième condition, les 27 demandent d'ailleurs la convocation « rapide » d'un sommet tripartite entre la Ligue Arabe, l'Union africaine et l'UE « pour répondre à la crise » (sécuritaire). Les conditions pratiques de cette rencontre ne sont pas encore connues.

Pour la France, pas d'opération militaire massive, pas d'OTAN

Sarkozy s'est défendu d'être un va-t-en guerre. « J'ai dit dès le départ mes doutes et mes réserves. (...) La position de la France n’a jamais été une option militaire au sol, une option militaire OTAN, une No Fly Zone sur un territoire grand comme trois fois la France, même si on n’a pas souhaité fermer cette option. Mais la question qui se pose à certains pays (Royaume-Uni, la France…) est de savoir qu'est-ce qu'on fait si des civils sont victimes des avions de Kadhafi — des Mig (sous entendu pas des Mirage) — et les hélicoptères qui tirent. Doit-on regarder les images ? Ou doit-on réagir. C’est çà la question. »

Des zones de protection humanitaires (sous protection ?)

L'Union européenne a appelé de nouveau à permettre un « accès aux agences humanitaires et opérateurs à toutes les zones où l'aide est nécessaire. Et nous sommes prêts à participer à ce travail. » que ce soit en « Libye ou aux frontières ». Selon Sarkozy cette formule signifie l'établissement de zones humanitaires, en Tunisie et Egypte d’abord, en Libye ensuite, pour gérer la question des dizaines de milliers de personnes déplacées. Il faut établir des moyens sanitaires, des écoles pour accueillir ces populations déplacées. » a-t-il expliqué. Et de détailler suite à une question de 'B2', ce qu'il entendait par là. « Ces zones devrait être gérées par les Nations-Unies. L’Europe devrait participer à son financement et organisation, ce qui est la seule façon de gérer les flux migratoires. » et avant même que j'évoque la question suivante il a répondu « Je sais ce que vous allez me demander. Qui protège ces zones ? La France a des propositions à faire. Mais procédons step by step. On ne peut pas tout résoudre aujourd'hui »...

Une coordination de l'aide humanitaire sous l'égide de l'UE

Les 27 ont demander à l'Union européenne de renforcer sa coordination pour fournir une utilisation effective et cohérente des moyens et capacités, en ligne avec les principes humanitaires.

NB : ces moyens et capacités peuvent être aussi des moyens militaires ou gouvernementaux des Etats membres comme depuis le début de la crise pour les opérations Pegasus I de rapatriement des citoyens européens et Pegasus II de rapatriement des personnes déplacées)

Derrière la préoccupation humanitaire, la question de la migration

Derrière cet souci humanitaire affiché, il y a une grande préoccupation. Que les réfugiés et déplacés ne déboulent en Europe. N. Sarkozy l'a reconnu franchement : « Il y a 200.000 personnes déplacées entre l'Eygpte, la Libye et la Tunisie (NB Sans parler de ceux qui peuvent arriver). Si on ne traite pas l’accueil de ces personnes de façon décente, ils vont traverser la Méditerranée. Or nous ne pouvons pas les accueillir. (...) Il faut poser les bases d’une politique d’immigration entre pays de départ et d’arrivée. Sinon il y aura multiplication des Lampedusa. Et, çà, personne ne le souhaite.»

Une réunion des ministres de la Justice et des affaires intérieures va, ainsi être convoquée d'urgence. Et la Commission devra préparer, d'ici juin, « un plan de développement des capacités pour gérer les flots de réfugiés et de migration ». En attendant, l'opération Hermes 2011 de l'agence Frontex (agence européenne de sécurité aux frontières) doit être renforcée. Les Etats membres ont été prié de fournir « en urgence, hommes et ressources techniques » (particulièrement les pays du nord européen qui rechignent...) et la Commission invitée à donner des ressources supplémentaires ». Le règlement fixant les compétences de Frontex va aussi être revu, rapidement, pour permettre à l'Agence d'augmenter « ses capacités ».

Télécharger le texte de la déclaration finale des 27

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “Sommet “Libye”. Une double action humanitaire et sécuritaire. Options militaires « à l’étude »

  • soulard henri

    LE DELTA EUROPE,AFRIQUE,PAYS ARABES DOIT PRENDRE TRES RAPIDEMENT UNE DECISION COMMUNE SUR LES FUTURES ACTIONS COMMUNES A MENER POUR FAIRE PARTIR LE TYRAN LYBIEN.LA CATASTROPHE HUMANITAIRE QUI EST EN ROUTE DOIT ETRE STOPEE DANS LES PLUS BREFS DELAIS.L’AVENIR DES TROIS REGIONS DOIVENT COMPRENDRE QUE LE PARTAGE DE LA RESPONSABILITE SUR LE PROBLEME LIBYEN PEUT ETRE LE CIMENT DE NOTRE DEVENIR COMMUN .

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