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Le(s) petit(s) problème(s) d’une intervention de l’OTAN en Libye

(BRUXELLES2) Une possible intervention de l'OTAN en Libye se heurte à plusieurs difficultés. Et depuis plusieurs jours, l'organisation peine à obtenir un consensus en son sein comme en externe. Les réticences viennent de France, d'Espagne, de Turquie... Mais pas seulement. Elles tiennent à deux aspects : la légitimité politique, les impératifs opérationnel et... économique.

Tout d'abord, l'Alliance atlantique n'a pas une légitimité particulière pour intervenir sur le territoire africain, dans un pays arabe qui reste, officiellement, d'obédience socialiste. De plus, ce serait de facto une offensive mal vécue non seulement par le monde arabe. Mais aussi par la Russie qui considère cette zone comme une zone d'intérêt stratégique (cf.  les propos de l'ambassadeur Rogozine) On peut aussi rappeler que l'intervention en Irak n'a pas été menée par l'OTAN mais par une coalition ad hoc, "de bonne volonté". Evoquer donc l'intervention de l'OTAN publiquement est donc comme agiter un chiffon rouge devant un taureau, totalement contre-productif, car elle ne pourrait que susciter une levée de boucliers.

Ensuite, il y a des difficultés pratiques, et économiques, tenant non pas à l'opération elle-même comme le dit mais aux « autres opérations menées actuellement par l'Alliance », autrement dit en Afghanistan. Il existe des questions très concrètes, opérationnelles... et financières : Où trouver les ressources disponibles de l'Alliance qui ne soient pas déjà engagées en Afghanistan ? Comment maintenir le niveau d'engagement en Afghanistan ? Et, surtout, qui va payer la note de cette nouvelle opération ? Une opération de l'OTAN signifie une unanimité des Etats membres, surtout les "payeurs". Et, là suivons le regard, c'est très très difficile. L'idéal serait que cette opération qui concerne le monde arabe... soit payée également par lui (voire soutenue par lui). Difficile de demander aux Arabes de contribuer à une opération de l'OTAN qui mènera l'opération comme elle l'entend.

Après plusieurs jours de déclarations diverses, le secrétaire général de l'OTAN, A.F. Rasmussen a donc opéré un savant recul, en affirmant publiquement que l'OTAN "ne cherche pas à intervenir en Libye", même si elle planifie "prudemment" certaines actions. Fermez le ban !

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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