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Alain Juppé : L’OTAN n’est « pas l’organisation adaptée » face au conflit libyen

L'OTAN c'est non. Voici en trois mots, ce qu'on peut résumer de la position française actuelle face à la crise en Libye. A l'Assemblée nationale, aujourd'hui (8 mars), Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français, a exprimé très clairement cette position, déjà affirmée à plusieurs reprises mais qui ne semblait pas cependant avoir été perçu comme telle. Il y a un "veto" français à l'intervention de l'OTAN en Libye.

Et dans cette position de veto, la France n'est pas isolée, semble-t-il. La Turquie a aussi affirmé ses réticences tout comme plusieurs pays du pourtour méditerranéen comme l'Espagne ou la Grèce. Quant à la Russie qui n'est pas membre de l'Otan mais peut bloquer au Conseil de sécurité des Nations-Unies une résolution en ce sens, elle a aussi exprimé son hostilité à une telle extension des missions de l'OTAN au sud, dans un pays qui a longtemps été dans l'orbite russe.

Les conditions de la France

Ce veto exprimé ne signifie pas que la France est opposée à une opération militaire. Au contraire. Alain Juppé a répété la disponibilité de la France à "intervenir avec d’autres" pour "arrêter la répression meurtrière que le régime du colonel Kadhafi continue à déployer". Mais il a aussi tracé les conditions à cette intervention militaire 

  • (1) Un mandat juridique clair : "Il faut un mandat des Nations unies." ...
  • (2) Un objectif opérationnel : ... pour "protéger les populations en empêchant Kadhafi d’utiliser ses moyens aériens"
  • (3) Un vecteur qui ne soit pas l'OTAN: "La France a pris une position très claire. L’OTAN n’est pas l’organisation adaptée pour le faire." (*)
  • (4) Un consensus avec les Africains et les Arabes : "Il est nécessaire de le faire en pleine liaison avec la Ligue arabe et l’Union africaine."
  • (5) Le moment décisif sera "Vendredi prochain, au Conseil européen qui sera exclusivement consacré à la situation en Libye et au sud de la Méditerranée, la France fera des propositions fortes." Signalons également que la Ligue arabe se réunira le lendemain, samedi, au Caire.

NB : si le vecteur de l'opération n'est pas l'OTAN, il peut y avoir plusieurs options : soit une opération de l'ONU en tant que telle, soit une coalition ad hoc, soit encore une opération de l'UE en liaison avec l'Union africaine. Soit un mélange des différentes solutions. Ceci devrait aussi passer par une certaine reconnaissance internationale du Conseil national libyen (opposition)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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