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Pour Jack Lang : face aux pirates, il faut agir plus vite, plus fort

Jack Lang était devant le Comité politique et de sécurité (COPS), mardi, pour convaincre les Etats membres de soutenir son entreprise. L’essentiel de son message est simple : il faut agir « plus vite, plus fort » Car pour l’instant, comme le reconnaît Jack Lang, chargé par le secrétaire général de l'ONU de trouver des solutions judiciaires sur la piraterie, les pirates ont gagné la partie. Il ne faut pas hésiter également à utiliser des tactiques plus offensives, comme surveiller les côtes somaliennes, agir à terre,faire des "reprises de force" des navires pris en otage. Il estime aussi que la principale menace reste "l'impunité" qu'il faut vaincre. Les Etats ne doivent donc pas négliger d'utiliser la compétence universelle qui leur est conférée par la convention de Montego Bay pour poursuivre les pirates. Enfin si le lien entre piraterie et terrorisme n'est pas encore avéré (à quelques exceptions locales près), il n'est pas exclu désormais souligne le rapport de l'ONU pour la piraterie.

Les pirates sont en train de gagner la partie

« C’est quand même fort - souligne le rapporteur de l'ONU sur la piraterie - nous avons d’un côté 1500 pirates et de l’autre le monde entier, des Etats, des compagnies de navigation. Et pour l’instant, ils ont gagné la course de vitesse. Si nous voulons vaincre cette piraterie maritime, il faut agir vite, le temps est un facteur essentiel. (...) Loin d’être endigué, le phénomène ne cesse de croître. On ne connaît aujourd'hui pratiquement pas de jour sans une attaque commise et/ou réussie. » Les pirates « sont de mieux en mieux équipés. Au fur et à mesure que les rançons permettent d’équiper les skiffs. Ils sont de mieux en mieux informés. »

Agir plus fort : vive l'action offensive

Il faut « préserver » le mandat l’opération européenne Atalanta « dont on n’a pas assez dit combien elle était utile ». Mais Jack Lang estime que ce n'est pas tant une question de moyens que de tactiques. « Je ne suis pas certain qu’un ou deux navires de plus changeraient la donne » vu la zone à couvrir. « Je crois plutôt qu’on peut développer certaines méthodes, certaines techniques : s’approcher au plus près les côtes, utiliser davantage ce qu’on appelle la "reprise de vive force" ».

Il se montre plus réservé sur les groupes privés. « le droit international ne les autorise pas à attaquer. Ces groupes privés peuvent menacer, alerter, mettre en garde mais ne doivent pas se transformer en force d’agression ou d’attaque. »

Le risque du lien avec le terrorisme se rapproche

« Le risque est que le lien se fasse avec un autre phénomène, le terrorisme. Pour l’instant, cela ne s’est pas fait, sauf à la marge » note Jack Lang. « Les deux groupes opèrent dans des zones géographiques différentes : la piraterie au nord, le terrorisme au sud. Ils ont des motivations différentes: la crapulerie pure d’un côté, le politique. »

Traduction en justice : les Etats ne doivent pas fuir leurs responsabilités

« Depuis la convention de Montego Bay. Tous les Etats ont la possibilité d’utiliser la compétence universelle et de les juger. Si un plus grand nombre d’Etats prenaient exemple sur le Kenya et acceptaient de juger les pirates, ce serait un point important. » Et Jack Lang de dénoncer ceux qui se défaussent. « Certains disent nous apportons déjà notre aide à Atalanta, d'autres disent nous apportons une aide au développement. Mais la question judiciaire est nodale. Il souhaitable que suivant l’exemple du Kenya ou des Pays-Bas. Rien ne s’y oppose, le droit contemporain le permet. » Nous avons d'un coté « la sophistication militaire et de l'autre l'impuissance juridictionnelle.»

Tout n’a pas été fait pour remonter les filières.

« Il faut s’attaquer aux gros poissons, aux commanditaires, dont les noms sont connus. L’un est en prison au Puntland. Mais, malgré certains efforts, tout n’a pas été fait pour remonter les filières, appréhender ces personnages »

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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