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Alain Juppé (MinDéf français) reprend le flambeau du devoir d’ingérence face à Kadhafi

Alain Juppé était sur France-Inter ce matin. Le ministre français de la Défense n'a pas mâché ses mots sur Kadhafi. Il n'a pas dit : "dégage !". Mais le coeur y était. Le ministre de la Défense (qui exerce de plus en plus les fonctions de ministre des Affaires étrangères bis) indique aussi que toutes les sanctions doivent être envisagées y compris la Cour pénale internationale "pour les criminels", l'interruption des contrats de pétrole ou l'établissement d'une no fly zone. Quant aux évacuations, elles sont en cours et la France peut être disponible. Mais l'essentiel de son message était ailleurs, faire de la calinothérapie pour diplomates français. Voici quelques extraits que j'ai "scriptés" de son intervention.

NB : Vous ne verrez rien sur l'Europe de la défense... Je n'ai rien entendu. Pas un mot !

Que Kadhafi parte

« Je souhaite de tout cœur que Kadhafi vive ses derniers moments de chef d’État. Ce qu’il a fait, ce qu’il a décidé de faire, c'est-à-dire tirer à l’arme lourde sur sa population, est naturellement inacceptable. »

Un devoir d'ingérence

« On a parlé de la non ingérence dans les affaires des pays à travers la planète. Mais il y a un autre devoir qui a été très clairement adopté par les Nations-Unies. C’est la responsabilité de protéger. Lorsqu’un gouvernement n’est pas capable de protéger sa population et qu’il l’agresse, alors la communauté internationale a le devoir d’intervenir

Il y a une Cour pénale internationale pour les criminels

« On est en train de travailler aux sanctions financières, commerciales, politiques. Il y a aussi une Cour pénale internationale. Et les criminels relèvent de cette Cour pénale internationale. »

Pas d'intervention militaire : mais une "no fly zone" pourquoi pas

Parmi les options en cours, Alain Juppé est très clair, il n'y a pas d'option militaire. « Il n’y a pas d’intervention militaire en Libye. Mais le durcissement des sanctions de tout ordre mérite d’être étudié, en particulier l’option de l’exclusion aérienne » (la proposition de Robert Gates de « no fly zone »). Concernant la possibilité d'interdire les achats de pétrole à la Libye, il explique c’est une option « je la soutiendrais ». Concrètement il n'indique pas comment cette no fly zone peut être mise en place. La France ne peut s'y coller « toute seule ». Il faut la travailler « en commun avec les Etats-Unis » estime-t-il.

Le point sur les évacuations

Les évacuations des ressortissants sont en cours : environ « 500 à 550 personnes, des Français mais aussi des Européens ont déjà été rapatriés. Il en reste encore environ 200 ». La France « est disponible, si nécessaire, pour mettre plus de moyens ».Mais c'est dit sans grand enthousiasme...

Un peu de calins pour les diplomates français ...

Le principal motif de l'intervention d'Alain Juppé sur les antennes était cependant centré sur une réponse à la mise en cause retentissante (dans un article cosigné dans le Monde *) par plusieurs diplomates (le groupe "Marly") de la façon dont le gouvernement. Il donne un petit coup de menton en direction de sa consoeur MAM : « ne confondons pas les maladresses de telle ou telle personnalité politique et le fonctionnement de notre diplomatie ». Puis tresse quelques compliments. Effectivement « Il y a un malaise chez les diplomates » reconnait le ministre... de la Défense qui estime donc utile de « leur redire que le pouvoir politique a confiance en eux, qu'ils font bien leur travail. »

... et quelques coups de canifs

Mais avec Alain Juppé, un câlin vient rarement seul, les coups de canifs suivent : « Il y en a des bons, des moins bons (diplomates ?). Ils sont parfois dans des circonstances difficiles. Certains n'ont pas vu venir ce qui s'est passé. Mais on ne peut pas leur reprocher : qui l'a vu venir ? » « Il y aussi parfois de temps en temps un peu de corporatisme. C'est vrai qu'on ne leur a pas manifesté la considération à laquelle ils ont droit. Il y a un peu d'énervement. Ca passera. »

NB : l'interview sur le site de France-Inter

(*) Lire : "La voix de la France a disparu dans le monde" - LeMonde.fr

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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