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L’évacuation des Européens de Libye, l’opération s’accélère (maj4)

L'évacuation des Européens de Libye s'accélère. Le temps n'est plus à tergiverser et aux messages rassurants. Après l'Autriche, le Portugal et la Grèce qui ont été les premiers mobilisés, plusieurs pays européens ont décidé désormais d'employer les grands moyens et d'envoyer des moyens militaires pour épauler les moyens civils utilisés, voire des navires.

La situation est difficile. Selon les informations italiennes, reçues mardi (22 février), l'aéroport de Benghazi est pour l'instant impraticable. "Les pistes de Benghazi ont été endommagées durant les affrontements et les avions ne peuvent pas atterrir".

Le principe est de prendre en priorité les nationaux mais aussi les Européens voire d'autre nationalités s'il reste de la place. Le tout étant coordonné au niveau européen d'une part entre les responsables des affaires consulaires sur place, d'autre part dans les capitales mais aussi à Bruxelles et Eindhoven.

Le détail des moyens engagés et rapatriements effectués

Une petite dizaine de pays participent à l'opération. Une vingtaine d'avions au minimum (dont 14 militaires) et 9 bateaux (dont 6 militaires) sont mobilisés.

Autriche : un C-130 engagé, avec 2 équipages permettant d'effectuer des relèves a été prépositionné à Malte. Après quelques retards, une première rotation de l'avion C-130 autrichien a permis d'évacuer dans la nuit de lundi à mardi sur Malte, 62 ressortissants (dont 9 Autrichiens, des Allemands, Français et Néerlandais).

Portugal :  un C-130 mobilisé. Une rotation effectuée entre Tripoli et une base aérienne de l'OTAN en Italie, a rapatrié 114 personnes (dont 80 Portugais +34 de toutes nationalités travaillant pour les entreprises portugaises ou l'ONU). Une seconde rotation devrait avoir lieu mardi

Grèce : deux C-130 ont été mobilisés et ont reçu une autorisation d'atterrissage (enfin) mercredi, devant rapatrier de Tripoli, Grecs et Chypriotes. La Grèce a, surtout, fait le choix de la voie maritime. Deux navires à grande capacité pour rapatrier non seulement les Européens mais aussi des Chinois. Un troisième navire marchand, le “Minerva Antonia”, a pris la direction du port de Ras Lanuf (où se trouve un complexe pétrochimique) près de Sirt où il doit arriver mercredi. Les navires grecs qui transitent par Alexandrie ont aussi reçu consigne d'assister le retour des Egyptiens.

France : 3 avions Airbus A-340 et A-310/300 ont été mobilisés et envoyés en Libye. Un premier Airbus A-340 de l'escadron Esterel parti, mardi en début d'après-midi, suivi d'un deuxième ont effectué une première rotation entre Tripoli et Paris. En revanche, un A-310 s'est vu refuser l'atterrissage et a dû faire demi-tour.

Allemagne : Un avion spécial de la Lufthansa part vers Tripoli et 2 Transall (capacité environ 60 places chacun) sont mobilisés. "C'est la dernière chance pour rentrer" avertit le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle. Le gouvernement réfléchit aussi à l'utilisation de la voie maritime. (Mis à jour) Les trois avions ont ainsi pu rapatrier, mardi, 350 ressortissants allemands et européens. Sur ce nombre, 74 ont été rapatriées par les Transall militaires : 47 Allemands et 27 ressortissants de 15 nationalités, a précisé à 'B2', un porte-parole de la Bundeswehr.

Italie : Un avion spécial d'Alitalia est parti vers Tripoli. Un C-130 est mobilisé pour Benghazi. Un navire d'écoute électronique a été dépêché dans la zone. Et un second navire, le destroyer lance-missiles Francesco Mimbelli (D-561), avec un équipage de 350 personnes, va être envoyé. Deux corvettes de la Marine, le "Chimera" et "Phoenix", patrouillent déjà dans le détroit de Sicile, dans le cadre de l'opération européenne "Hermes" de Frontex, pour prévenir l'immigration illégale.

Pays-Bas : un KDC-10 basé a décollé d'Eindhoven, destination : Tripoli, capacité : environ 150 places. Un navire a également été dérouté vers la Libye. Le Hr Ms  Tromp, faisait route vers les eaux somaliennes pour participer à l'opération anti-piraterie de l'OTAN (Ocean Shield), il était dans la mer rouge, quand il a reçu l'ordre de rebrousser chemin, de repasser le Canal de Suez et de venir dans les eaux libyennes. Il est attendu pour vendredi, permettant ainsi une évacuation par mer si l'espace aérien libyen est fermé. Le Hr. Mr De Ruyter, actuel navire amiral d'Ocean Shield, va donc rester plus longtemps en opération.

Royaume-Uni : le Foreign office a annoncé, mardi, l'envoi d'un avion spécial vers Tripoli. Et la frégate HMS Cumberland, qui revient de mission en mer d'Arabie (notamment protection du terminal pétrolier irakien de Al Basra) et dans le Golfe d'Aden (anti-piraterie pour la CMF) a reçu l'ordre de faire route vers les "eaux internationales de la Libye", pour se tenir prête "à venir en aide aux Britanniques si nécessaire". Ce sera son ultime mission... Il doit rentrer, en effet, dans son port d'attache à Devonport pour être désarmé.

Irlande : deux avions ont été envoyés, mardi en soirée, sur l'ile de Malte, un Learjet et un Casa pour procéder à l'évacuation de ses citoyens.

Espagne : le gouvernement a décidé, mardi soir, d'envoyer un avion officiel pour rapatrier ses citoyens.

Les autres pays envoient également des moyens.

La Turquie a choisi la voie maritime pour évacuer ses ressortissants après avoir envoyé dans un premier temps des avions. La compagnie aérienne Turkish Airlines attend le feu vert de Tripoli pour programmer des vols supplémentaires. En atttendant, deux bateaux d'Istanbul Ferry Lines (MF Orhan Gazi, MF Osman Gazi), d'une capacité de 1500 personnes chacun (un peu plus que la normale), ont quitté Benghazi dans la matinée du 23 février. Ils sont escortés par une frégate de la marine turque, selon le site (bien informé) Turkishnavy. Des moyens supplémentaires vont être utilisés. Trois autres ferries (dont un militaire) devraient arriver jeudi dans le port de Derna et Sirt. Sur les 25.000 ressortissants turcs en Libye, 1083 étaient déjà rapatriés, mardi, a indiqué le vice-premier ministre Cicek.

Le ministère des situations d'urgence russe a envoyé quatre avions vers Tripoli, avec une équipe médicale et de soutien psychologique : un Ilyushin Il-76TD qui a atterri à Tripoli mercredi à 21h30 a rapatrié à Moscou "118 Russes et plusieurs étrangers", un Ilyushin 62M, un Yakovlev Yak-42. Ainsi qu'un ferry du Montenegro de 1000 personnes qui va prendre en charge des citoyens russes, serbes et turcs qui travaillent pour la compagnie de chemins de fer RSZ.

NB : devant l'abondance de nouvelles, toutes les informations sur les moyens maritimes militaires et la coordination européenne ont été regroupées ici :

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “L’évacuation des Européens de Libye, l’opération s’accélère (maj4)

  • On peut penser que le Groupe AéroNaval français, autour du Charles de Gaulle, s’il était rentré 2 jours plus tard, serait resté un peu plus longtemps en mer dans la région afin de pouvoir fournir une escorte aux appareils d’évacuation, embarquer des ressortissants par la mer et, au besoin, dissuader ou neutraliser l’aviation libyenne.

    Faute d’anticipation ou choix délibéré de ne pas trop “s’investir” (y compris financièrement), ça ne s’est pas passé ainsi.

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