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Les députés européens rappellent Cathy Ashton à ses promesses

(Crédit : Parlement européen, octobre 2010)

(A Strasbourg) Ce n'est pas ce qui avait été promis. Voici en substance la lettre que s'apprêtent à remettre les représentants des principaux partis politiques européens à la Haute représentante, Cathy Ashton, sur le service européen d'action extérieure (SEAE). Elmar Brok et Andrey Kovatchev (pour le PPE), Roberto Gualtieri (pour les sociaux et démocrates), Alexander Graf Lambsdorff et Guy Verhofstadt (pour les Libéraux et démocrates) et Franziska Brantner (pour les Verts) critiquent notamment la structure interne du nouveau service diplomatique sur les structures de gestion de crises et de maintien de la paix ainsi que l'équilibre hommes-femmes. Et ils demandent à la Haute représentante de tenir ses promesses, rapidement, un peu plus rapidement que d'habitude...

Premier motif du courroux : les structures de gestion de crises

Les députés se réfèrent à la promesse faite par Cathy Ashton, devant le Parlement européen (PE) le 8 juillet 2010, de créer une "structure appropriée" puis à sa lettre datée du 7 septembre à Gabriele Albertini, le président de la commission des Affaires étrangères du PE, de créer un "département dédié au maintien de la paix et à la réponse de crises (qui) aurait rang égal avec les autres départements de gestion de crises comme la CMPD, le CPCC et l'Etat-Major militaire, chargé (entre autres) de la préparation des actions de réponse de crises sous l'instrument de stabilité". Les eurodéputés ne trouvent pas dans l'organigramme trace de la "structure appropriée" et demandent des explications à la Haute représentante.

Effectivement, il suffit de jeter un oeil sur l'organigramme pour voir que la promesse faite aux eurodéputés n'est pas tenue. Il y a bien un "directeur de département", confié à l'Italien Miozzo, mais sans aucune unité administrative rattachée. Seuls effectifs : quelques éléments qui seraient détachés du SitCen (le centre de renseignements de l'UE, en charge de la protection consulaire). Un directeur sans troupes sans une administration est condamné généralement à l'inaction. Les effectifs de l'ancienne DG Relex de la Commission ont, en effet, été placés dans une autre direction "horizontale". Tandis que les structures de gestion de la PeSDC figurent dans une bulle isolée ainsi que ce blog l'a déjà relaté.

2e motif de courroux : l'instrument de stabilité.

L'instrument de stabilité est par excellence l'instrument financier pour la gestion des crises. Or l'effectif qui gère cet Instrument est resté, en bonne partie, ... à la Commission européenne. Autremement dit rien de changé. Les eurodéputés demandent donc "le transfert de 17 postes (12 administrateurs et 5 assistants) qui, précédemment, s'occupaient de la planification et de la programmation des mesures de réponse de crises et qui ont été "récemment déplacés au service des instruments de la politique étrangère de la Commission". Le Parlement rappelle ainsi qu'il a mis une réserve sur le budget 2011 du service diplomatique dans cet objectif.

3e problème : l'équilibre hommes - femmes

"Nous sommes particulièrement déçus du très faible nombre de femmes au niveau des directions" expliquent les eurodéputés. "Une femme parmi les 12 membres du 'policy board'" c'et bien peu. Et parmi les chefs d'unité, le rang masculin domine outrageusement. « Nous vous demandons de corriger ce déséquilibre intenable (qui) contraste avec vos engagements publics ».

En finir avec le "réflexe d'escargot"

Au final, les députés demandent à la Haute représentante une réponse "rapide". Cette formule, d'ordinaire formelle l'est peu en l'occurrence. La dernière lettre de la Haute représentante, datée du 7 septembre, a mis, apparemment, plus de quatre mois avant de parvenir au Parlement européen... début janvier 2011 ! La rapidité ne semble pas être le fait du cabinet Ashton qui s'emmêle les pinceaux dans les différents courriers. Ce n'est pas la première fois semble-t-il. Des missions déployées sur le terrain ont aussi été victimes de ce qu'on pourrait appeler, le "réflexe d'escargot".

Télécharger la lettre

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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