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L’UE va-t-elle s’impliquer davantage sur les frontières de Gaza ?

Eubam Rafah à Gaza (crédit : Eubam)

Les 27 ministres des Affaires étrangères devraient adopter, lundi, des conclusions sur le Moyen Orient qui rappellent les fondamentaux européens (et internationaux) sur le processus de paix : pas de colonisation supplémentaire, développement des deux Etats... Mais il pourraient surtout donner aussi le feu vert implicite à une reconfiguration de la présence européenne autour des frontières autour de Gaza. On sait que depuis plusieurs années la mission européenne de surveillance aux frontières, Eubam Rafah, est condamnée à l'inaction. A plusieurs reprises, on a cru qu'un nouveau départ pourrait se réaliser (1). Cette fois pourrait être la bonne mais sur une nouvelle base.

Une Lettre de l'autorité palestinienne

Il ne serait plus question du seul point frontière de Rafah selon son ancien modèle. Mais d'une surveillance globale des frontières autour de Gaza dans laquelle l'Europe serait impliquée. Il s'agit en effet de rouvrir les portes de l'enclave palestienne au transit des marchandises, de permettre sinon un redémarrage économique, du moins de relâcher l'atmosphère d'asphyxie lente qui marque ce territoire. Mais pour cela il faut des infrastructures, des équipements, des personnels formés. C'est autour de ces trois points que pourrait se concentrer l'action européenne en 2011. La Haute représentante a d'ailleurs reçu, le 1er décembre, une lettre du Premier ministre de l'Autorité palestienne, Salam Fayyad, invitant, formellement, l'UE à s'impliquer dans ce processus. Une invitation qui est le préalable nécessaire à toute action. Et du coté israélien, on semblerait accueillir favorablement une telle action.

Infrastuctures, équipement, formation

L'objectif est de faciliter le transit des marchandises en effet d'accueillir jusqu'à 1000 camions par jour. Pour cela, il faut des infrastructures : agrandir les aires des postes frontières, prévoir des parkings, etc...  Il faut ensuite des équipements (ordinateurs, scanners...) pour faire fonctionner ces postes frontières. Enfin il faut des hommes formés. Les Européens pourraient ainsi former les gardes-frontières palestiniens (de l'autorité palestinienne) chargés avec les Israéliens de gérer les points-frontières. On retrouve en quelque sorte la même problématique et la approche, qu'en Moldavie et Ukraine, le long de la frontière de la Transnistrie (territoire autonome jamais reconnu par aucun gouvernement). Et l'UE est en position d'avoir une "approche globale".

Que faire d'EUBAM Rafah ?

Si cette invitation est acceptée par les ministres des 27, il faudra ensuite déterminer qui interviendra et comment. L'UE possède en Palestine/Israel deux missions : EUPOL Copps pour la formation des policiers palestiniens (maintien de l'ordre, circulation, et aussi police judiciaire) ainsi que des gardiens de prison et la mission EUBAM Rafah de surveillance au point frontière de Rafah. Deux options essentielles peuvent être envisagées : transformer la mission EUBAM Rafah en lui donnant ce nouveau rôle. Elargir la mission EUPOL Copps à la fonction douanière, éventuellement en incorporant les effectifs de la mission EUBAM Rafah. Toutes les options restent sur la table.

Commentaire : les Européens doivent saisir cette "chance" d'être, à nouveau, présents sur le terrain. Et de s'impliquer ainsi, concrètement, dans le processus de paix. L'UE a tous les moyens disponibles pour ce faire : les hommes, les financements et la connaissance du terrain.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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