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Eubam Ukraine-Moldavie. Ferenc Banfi: “Un rôle dans la stabilisation de la région”

(BRUXELLES2 à Odessa) Chef de la mission Eubam, Général major de la police hongroise, Ferenc Banfi a occupé dans le passé plusieurs postes dans des projets et agences pour le renforcement du droit international, notamment dans l'initiative régionale du Sud-Est européen pour combattre le crime organisé (Seci center) après avoir gravi tous les échelons de la police hongroise (il y a commencé comme sergent).

crédit : © NGV /B2

• Quels sont les principaux challenges de votre mission ?

Il s’agit de contribuer à bâtir une capacité d’action, de changer la culture institutionnelle et la mentalité au sein des services. Ce qui n’est pas toujours évident. Parfois leurs circuits sont trop centralisés. Il faut passer d’un format militaire à un service civil.

• Comment voyez-vous l’évolution à terme ?

Il y a une nouvelle génération qui a grandi de chaque coté de la « frontière » : qui n’a jamais connu autre chose que la Transnistrie, d’un coté, ou a toujours connu la Moldavie sans la Transnistrie, de l’autre. Cela peut à terme un nouveau climat, une nouvelle situation. La pression du temps ne joue donc pas en notre faveur. Après 20-30 ans, de cette situation, il sera difficile de revenir en arrière, de réunifier les deux parties. Il faut agir maintenant. En 2009, le panorama politique peut changer. Et Moscou qui a reconnu l’intégrité territoriale de la Moldavie n’a plus vraiment besoin de l'indépendance de la Transnistrie.

• Que peuvent faire les Européens ?

On ne peut pas souffler et faire la Moldavie merveilleuse en 15 jours. Mais il est possible, peu à peu, de la rendre plus démocratique, de renforcer ses structures. En ce sens, l'UE peut faire beaucoup, notamment pour éliminer les différences entre les différents pays de la région et les réintégrer au marché. Si Chisinau n’est pas attractif, il n’y a aucun intérêt pour la Transnistrie de la rejoindre.

• La mission joue un rôle selon vous ?

Oui. C’est évident que face à des militaires (7000 en Moldavie et au moins autant en Transnistrie), on ne fait pas le poids militairement. Mais, de par notre simple présence, il y a une influence psychologique. D’une certaine façon, on fait contrepoids à la présence russe.

• Donc, il faut ne pas interrompre cette mission Eubam ?

Oui c’est important. Même si le conflit transnistrien n’est pas très visible et très peu perçu au niveau européen — car il n’y a pas de sang, de sensation, donc peu d'intérêt — notre mission joue un rôle important dans la stabilisation de toute la région.

recueilli par Nicolas Gros-Verheyde

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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