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La Tunisie : le loupé politique de l’Union européenne

(mot d'humeur) La chute du régime Ben Ali en Tunisie a entrainé une réaction plutôt faible de l'Union européenne... Certes nous avons eu droit à trois communiqués successifs signés en commun de Cathy Ashton, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, et de Stefan Fule, le commissaire chargé de la Politique de voisinage. Mais souvent à la remorque des évènements et d'autres pays (comme les Etats-Unis). Et avec un manque de présence humaine frappant.

Une communication essentiellement écrite

D'abord, le 10 janvier pour appeler à l'usage limité de la force, au respect des droits fondamentaux et à la libération des personnes emprisonnés. Un peu faible. Ensuite, le 14 janvier, après la chute du président Ben Ali, un communiqué très prudent reconnaissant la volonté démocratique des Tunisiens. Encore faible. Finalement, le 17 janvier, un communiqué un peu plus consistant rendant hommage au "courage" des Tunisiens, affirmant la "solidarité" de l'Union européenne avec la "Tunisie et son peuple" et faisant une offre d'assistance notamment pour l'organisation des élections. Enfin ! pourrait-on dire ! Mais durant une semaine qu'ont duré ces évènements, il n'y a eu que des communications écrites.

Un manque de clairvoyance politique

Pendant la première semaine des évènements, à aucun moment nous n'avons eu un peu de sensibilité, de présence humaine. Aucune conférence de presse, de ce qu'on appelle dans le langage journalistique de "VIP corner" ou autre moyen d'expression permettant de saluer le "peuple" tunisien en direct. Assurément si la même situation s'était produite en Belarus par exemple, la réaction aurait été tout autre. Et nous aurions droit à plusieurs déclarations de responsables politiques de la Commission, y compris sans doute de son président. Un sacré manque de courage et de clairvoyance politique. Comme si l'UE était coincé par l'attentisme à Paris, mais aussi à Rome et dans quelques capitales européennes. Il est vrai que Ben Ali comptait de nombreux amis et relais y compris dans les deux principaux partis politiques européens.

La marque inaltérable d'une faiblesse congénitale

Cathy Ashton, la Haute représentante, a encore, là, perdu une occasion d'affirmer sa présence diplomatique. Elle apparait plus faible que jamais dans ses fonctions et incapable de réagir en cas de crise dans le monde. Une faiblesse quasi-congénitale. Comme si elle dépendait trop étroitement des consignes des capitales et ne pouvait affirmer une voix autonome...

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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