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La Géorgie renonce à l’usage de la force. Un engagement juridique dicté par la politique

Le président Saakashvili au Parlement européen à Strasbourg (crédit : PE )

Citant Victor Hugo ("Un jour viendra où vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne") et Emmanuel Kant ("You cannot be ready to be free until you are free") rappelant les fondements de la révolution des Roses (qui a un peu perdu ses pétales aujourd'hui :-), le président géorgien s'est livré à un numéro de charmes des députés européens mettant en garde contre la Russie qui cherche à diviser l'Europe mais prenant un engagement unilatéral pacifique.

Engagement à ne pas recourir à la force

« Afin de prouver que la Géorgie est définitivement engagé à une résolution pacifique de son conflit avec la Fédération de Russie, nous avons pris aujourd'hui l'engagement unilatéral de déclarer que la Géorgie ne pourra jamais utiliser la force pour rétablir son intégrité territoriale et la souveraineté, et de ne recourir qu'à des moyens pacifiques dans sa quête pour la désoccupation et la réunification. » a annoncé solennellement Saakashvili qui a expliqué envoyer derechef une lettre en ce sens au secrétaire général de l'ONU et à l'OSCE. « Même si la Fédération de Russie refuse de retirer ses forces d'occupation, même si ses milices multiplient les violations des droits humains, la Géorgie ne conserverait le droit de se défendre uniquement en cas de nouvelle attaque et d’invasion des 80% du territoire géorgien demeurant sous contrôle effectif du gouvernement géorgien. » « Nous voulons tous – je veux – que la Russie soit un partenaire et non pas un ennemi. » a-t-il ajouté.

Un retour à la raison

Pour le président Mikheil Saakachvili, il n'y avait, en fait, pas vraiment d'autre choix "raisonnable". Au lendemain du sommet de l'OTAN à Lisbonne, qui a scellé une grande réconciliation des Etats-Unis, de l'OTAN avec la Russie, il a compris qu'il avait non seulement perdu la bataille militaire un certain été 2008 mais qu'il avait, bel et bien, perdu la bataille politique.  Ce que le président français, Nicolas Sarkozy, dans son sens des formules a résumé ainsi : « La Géorgie a vocation à rentrer à l'OTAN. (Mais) nous souhaitons accueillir des membres qui ont réglé leurs problèmes frontaliers réglé ses problèmes frontaliers. Nous ne souhaitons pas importer au sein de l'OTAN des problèmes, nous en avons assez à régler. » (1)

Commentaire : L'OTAN a procédé à Lisbonne, en effet, à un nouveau partage, avec la mise en place d'un double bouclier anti-missiles, comme au bon vieux temps de Yalta, qu'on pourrait résumer ainsi : à toi la charge de faire la sécurité à l'Est (NB : l'Ex-Urss sans les pays baltes), à nous l'Ouest. Le président géorgien en tire, sagement, la conséquence.

(1) Citation intégrale : « Elle (la Géorgie) a vocation à rentrer dans l'OTAN. Vous savez que c'est l'Allemagne et la France, en 2008 à Bucarest, qui s'y sont opposées. M. BUSH à la fin de son mandat voulait absolument. J'attire votre attention sur ce que cela aurait donné avec l'affaire de l'Abkhazie et de l'Ossétie. Mais ils ont vocation à rentrer, nous n'avons pas de problème avec cela. Là encore, nous souhaitons accueillir des membres qui ont réglé leurs problèmes frontaliers. Nous ne souhaitons pas importer au sein de l'OTAN des problèmes, nous en avons assez à régler. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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