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La lutte anti-pirates en Somalie sera-t-elle privatisée ?

groupes maritimes armé (crédit : Drum Cussac)

La firme privée Drum Cussac pourrait former la force anti-pirates somalienne. Et le Foreign Office britannique a été impliqué dans des discussions avec elle. C'est ce que révèle du Sunday Telegraph (lire ici).

Le plan du groupe de contact

Drum Cussac, bien établi sur le marché très lucratif en ce moment de la protection privée des navires, est dirigé par un ancien officer des Scots Guards, Jeremy Stampa Orwin, et emploie nombre d'anciens des Special Boats Service (l'unité des nageurs de combat et commandos marine britannique).

Le chef adjoint du Foreign Office, Chris Holtby, qui préside également une des composantes du groupe de contact international sur la lutte anti-piraterie, les a rencontré dans le cadre du plan global qu'il prépare pour renforcer la lutte anti-piraterie en Somalie. Celui-ci couvrirait aussi bien le "renseignement contre les bases pirates" que la "préparation d'actions contre elles", ou l'envoi de formateurs "si les autorités sont incapables d'arrêter les kidnappings". Ce projet serait financé essentiellement par le gouvernement américain qui met 25 millions $ sur la table. Et des financements britanniques seraient fournis, de manière indirecte, via la ligne "Etat de droit, contre-terrorisme et migrations". Mais la constitution d'une force de gardes-côtes somaliens - avec 8 bateaux, 96 marins et un bataillon de 130 Marines chargés de la reconnaissance et l'action offensive -, est pour l'instant suspendue, suite à des désaccords entre la province autonome du Puntland et le gouvernement transitoire somalien (GFT), sur la composition de cette force.

Une affaire Dreamline bis

Ce projet suscite certaines difficultés. Premièrement, le risque du passage du policier au bandit est avéré. Il semble que certains pirates actuels (au moins l'encadrement) ont pu être formés par des formations financées sur fonds internationaux ; formations qui se sont interrompues quand les fonds se sont interrompus. Ainsi les gardes-côtes, qui avaient commencé à être formés par des anciens des SAS britanniques, ont fini par se servir de leur instruction et leur uniforme pour aller capturer un bateau de pêche thaïlandais et réclamer une rançon de 800.000 $. D'autre part, elle n'est pas sans rappeler l'affaire Sandline, du nom de cette firme accusée d'avoir rompu l'embargo des armes à destination du Sierra Leone, et dans lequel le Foreign Office aurait été impliqué. Malicieusement notre confrère du Sundya Telegraph rappelle que Stampa Orwin partageait ses bureaux avec Sandline... quand il travaillait chez Lifeguard.

Pour l'instant, malheureusement, aucune autre solution que celles des forces privées n'a la cote. Car aucun pays n'a vraiment envie de risque des hommes en Somalie (les Français ont toujours un otage, de la DGSE, détenu depuis près de 18 mois maintenant).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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