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L’OTAN reconnaît l’UE et l’invite à collaborer plus étroitement

(A Lisbonne) Dans le nouveau concept stratégique, adopté par les 28 Etats membres de l'Alliance Atlantique ce week-end, le ton a changé par rapport au précédent concept élaboré il y a plus de dix ans. A l'époque, l'OTAN tendait une main, compatissante, à la pauvre UE en quête d'une capacité militaire. Aujourd'hui on peut parler d'une plus grande égalité entre les deux partenaires, qui ont en commun 22 Etats membres (faisant partie des deux organisations). Mais une offre qui n'est pas sans obligations.

D'Amsterdam à Lisbonne, la méfiance cède le pas à la reconnaissance

En 1999, l’UE venait tout juste de définir une nouvelle architecture pour sa politique étrangère et de sécurité. Mais n'avait pas vraiment de moyens ni d'expérience en la matière. L’OTAN se demandait quelles en étaient les conséquences. « Une telle politique, telle que la prévoit le Traité d'Amsterdam, serait compatible avec la politique de sécurité et de défense commune adoptée dans le cadre du Traité de Washington » expliquait le concept de 1999. Aujourd’hui il en est différent. Le temps de la méfiance semble révolu, au moins dans les mots. « L’OTAN reconnaît l’importance d’une défense européenne plus forte et plus performante. » Elle se félicite de « l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, qui offre un cadre pour le renforcement de la capacité de l'UE à faire face aux défis de sécurité communs ». Elle ajoute « L’UE est un partenaire unique et essentiel pour l’OTAN »

Bâtir un partenariat stratégique

A l’époque, en 1999, l'OTAN « soutient pleinement le développement de l'identité européenne de sécurité et de défense au sein de l'Alliance » et fait une offre de service « en mettant à disposition ses moyens et capacités pour des opérations dirigées par l'UEO ». Aujourd’hui, il s’agit davantage de bâtir un « partenariat stratégique » entre deux organisations distinctes, l’OTAN et l’UE, basé sur un principe d’égalité. « L'OTAN et l'UE peuvent et doivent jouer des rôles complémentaires et se renforçant mutuellement, en soutien de la paix et de la sécurité internationales ». On ne sait plus qui a besoin, le plus, l’un de l’autre. Est-ce l'UE avec les moyens militaires ou l'OTAN qui entend jouer un rôle sur le terrain civil.

Trois pans de ce partenariat sont décrits :

  • la coopération pratique dans les opérations, « sur toute la gamme des crises, depuis la planification coordonnée jusqu'au soutien mutuel sur le terrain » ;
  • les consultations politiques « pour y inclure toutes les questions d'intérêt commun, afin de partager évaluations et points de vue » ;
  • le développement des capacités, « de manière à réduire au minimum les doubles emplois et à maximiser le coût efficacité ».

Mais pas sans conditions

Ce partenariat a des conditions : l'esprit d'ouverture, la transparence, la complémentarité et le « respect de l'autonomie et de l'intégrité institutionnelle des deux organisations qui soient entiers et mutuels ». Et un prix. L’OTAN tient à rappeler combien « Les Alliés non membres de l'UE apportent une contribution significative à cet effort ». Pour, le partenariat stratégique entre l’OTAN et l’UE, « leur implication la plus complète dans cet effort est essentielle ». Une phrase destinée essentiellement pour le partenaire turc.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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